Semaine du 26 février et du 4 mars 2024
Semaines « génération sandwich »
La génération sandwich est celle qui est contrainte de s’occuper de ses vieux parents en perte d’autonomie, tout en s’occupant encore de ses enfants en quête d’autonomie. C’est une expérience intéressante. Ce sont ces enjeux qui m’ont principalement occupée la dernière semaine de février.
Quand vos parents ou les parents de vos ami.e.s perdent la tête ou perdent la vie, c’est une absolue remise en question.
Lundi 4 mars 2024
Dans ce contexte, le retour est boulot c’est cool.
Lundi matin, j’avais une réunion avec les associations actives en matière de promotion de l’environnement urbain. Nous fîmes le tour des dossiers sur la table (dont celui de la Porte de Ninove, qui vient de sortir) et des projets de réformes en cours.
Les projets de réformes peuvent intéresser également nos lecteurs et lectrices assidu.e.s curieux des salades urbanistiques bruxelloises :
– Projet de réforme du RRU : Good living, qui arrive cette semaine en deuxième lecture au gouvernement et dont la présentation au Parlement aura finalement lieu prochainement ;
– Projet d’Ordonnance pour assurer la construction d’un quota de 25 % de logements « sociaux » dans les projets de plus de 3.500 m², ce que la société civile (que les auteurs de cette proposition entendent silencer, par paranthèse) demande depuis 20 ans.
– Projet d’ordonnance pour régler des poins particuliers urgents du COBAT,
– Nouvel arrêté « charges d’urbanisme ».
Le grand puzzle de l’urbanisme dont parlait le Ministre-Président se met donc finalement peut-être progressivement en place. Moins la révision du PRAS.
Pour les écologistes, ces réformes doivent traduire les enjeux contemporains liés à la préservation du climat et de la biodiversité et à la décarbonation de l’économie tout en veillant aux besoins sociaux sur le territoire. Les prochaines réformes doivent également viser prioritairement à l’accélération des délais de délivrance des permis, tout en maintenant un droit de regard démocratique (afin de contribuer à l’amélioration des projets). A cet égard le Rapport d’évaluation du COBAT entend résoudre le premier objectif en bradant le second. Les associations signalent que le rapport des ateliers sur le volet « Permis » n’a pas été rendu public.
Les associations ne sont pas particulièrement bien disposées à l’égard de Good living, qu’elles lisent comme une vaste entreprise de dérégulation (Pascal Smet n’a pas caché vouloir réduire le nombre de dossiers qui passent en enquête publique). Le monde économique, de son côté, craint une augmentation des coûts de la construction, préoccupation relayée notamment par le PS, qui n’est, par ailleurs, pas très fan non plus de la participation. Celle-ci gagnera cependant à rester organisée de manière institutionnalisée et responsable plutôt que d’échouer en aval devant les tribunaux ou dans des pétitions infructueuses.
Concernant Good living, je pense, pour ma part, que le coût du logement ne baisse malheureusement jamais, car il s’agit d’un marché qui contribue à une rente. L’évolution des coûts de la construction, de la main d’oeuvre et des normes diverses et variées, en matières de sécurité comme d’environnement, contribuent au renchérissement constant des coûts. Lors de notre visite parlementaire à Urban, j’ai suggéré de mener une réflexion sur les surfaces minimales : on peut vivre bien dans des espaces rationnellement conçus. Levée de herse : « les surfaces sont notre trésor ». Surtout le trésor de ceux qui peuvent se les payer, selon moi.
Ecolo a principalement défendu les avancées comprises dans le Titre 1 relatif à l’espace public.
Commission développement territorial
Dans le cadre d’une question posée par l’opposition, j’ai entendu une réponse du Ministre-Président qui m’a un peu surprise : la Région n’ a pas de prise sur le deal entre la Commission européenne, le fédéral et le privé pour la reconversion des immeubles de bureaux délaissés par la Commission mais un potentiel de 800 logements en est attendu. Cela m’étonnerait que perspective.brussels ne suive pas ce dossier.
Je n’avais pas prévu d’intervention pour ne pas donner trop de crédit à l’approche libérale de la NVA mais j’ai déjà eu l’occasion d’énoncer ce que je pense du marché de bureaux à Bruxelles : il est important d’améliorer la qualité des données, la Région doit contenir la fuite en avant, qui vide des bureaux obsolètes pour en construire d’autres neufs sur d’autres sites, l’enjeu de la mixité fonctionnelle et de la qualité architecturale des immeubles reste entier.
Nous avons eu ensuite un mini débat de posture sur base d’une question du MR qui relayait les préoccupations des représentants du secteur économique dans le cadre de l’avancement du processus de réforme du PRAS. Comme je faisais remarquer que Bruxelles, qui a été la première ville industrielle du pays jusqu’en 1974, détient encore de nombreux espaces industriels (un potentiel important) et que l’activité économique avait pris des formes moins extensives dans l’espace, Défi a cru bon de caricaturer mon intervention. Le MR, de son côté, qui est pourtant très préoccupé de la préservation de la biodiversité (quand ça l’arrange) est pressé d’enterrer le PRAS climatique. Ce qui serait évidemment une erreur majeure considérant la puissance de l’outil.
Dans sa réponse le Ministre-Président a confirmé que les acteurs économiques étaient bien associés au processus de réflexion sur la révision du PRAS. Nous sommes rassurés !
Dans ma réplique, j’ai rappelé que construire du logement neuf, public, pour autant que la Région en garde les moyens, et construire des logements privés, ne doit pas dispenser de réguler le marché privé existant, qui loge 93 % des ménages.
J’ai rappelé que, quand les libéraux ont modifié le PRAS au tout début des années 2000, ils ont affecté une grande partie des quartiers centraux du croissant pauvre en zones de mixité ou de forte mixité en vue d’y favoriser le développement des bureaux, Graal du développement dans leur conception du monde. In fine, le Monitoring des activités productives qui présente un bilan sur le long terme (1997-2017) a montré que les anciens espaces industriels ont majoritairement été transformés en logements par des particuliers et de petits promoteurs.
C’est en grande partie ce processus qui a permis de répondre au boom démographique de 2007-2012. Les frites du Monitoring du logement privé montrent que la production de logements neufs dans de grands projets arrivent plus tard, après la révision dite du PRAS démographique qui date de 2013. La planification a un temps de retard, d’où l’importance d’améliorer la qualité du suivi et de la vision.
Pour les écologistes, la lutte contre les inégalités socio territoriales constituera le grand enjeu de la prochaine législature, cela passera par la régulation du marché du logement et la poursuite de l’amélioration du cadre de vie dans tous les quartiers.
A cet égard je suis donc intéressée par l’évolution de la position des camarades.
Ensuite, venait ma question sur le Cinquantenaire. Alors que Pascal Smet me disait en début de législature que la Région n’était pas compétente dans ce dossier géré par le fédéral, on apprend tout de même que le suivi s’est rapproché. C’est important car une chimère est au centre de ce dossier : celle de la couverture éventuelle du tunnel routier : entreprise qui serait extrêmement onéreuse et hasardeuse sur le plan de l’impact patrimonial car il est impossible d’abaisser ce tunnel, il y aurait dès lors une butte ou deux murs au centre du parc. Curieuse néanmoins de découvrir les projets lauréats du concours Europan qui vont être exposés en avril, a annoncé le Ministre Président. Il s’agit d’un concours d’idées non performatif mais le projet lauréat semble axé sur la prise en compte des enjeux environnementaux, notamment en matière de gestion des eaux.
Si cela intéresse quelqu’un cette ASBL 50/200 cherche un.e directeur.trice.
Comme quoi cette question de suivi débouche sur des enseignements.
Mardi 5 mars 2024
Longues auditions, en Commission Mobilité, des deux ingénieurs qui affirment disposer d’alternatives à la démolition du Palais du midi.
Comme je l’ai déjà expliqué par ailleurs, la Commission convient que les député.e.s ne sont pas équipé.e.s pour départager cette controverse technique. Il était cependant important que ces propositions soient exposées et débattues publiquement. Il est désormais confirmé qu’elle seront évaluées dans le cadre de l’étude d’incidences, ce qui n’était pas acquis.
Des questions techniques se posent également au niveau de la gestion des marchés publics.
En conclusion, il me semble que le Palais du Midi ne soit pas encore par terre.
Médor publie un article cette semaine :
L’après-midi rencontre avec We are Nature qui demande un moratoire sur la bétonisation et a intenté une action en justice contre le gouvernement.
Ce sont les rencontres très intéressantes pour moi car, une fois qu’on est passé.e de l’autre côté du miroir, on appréhende mieux le champ de contraintes (principalement l’indifférence des autres partis quant aux enjeux) et donc les chemins pour en sortir. Les assoc ont souvent une longueur d’avance intellectuellement car elles sont le « luxe » de la spécialisation sans entraves. D’où l’intérêt de faire dialoguer le secteur du logement avec le secteur de l’environnement afin de construire ensemble des solutions qui tiennent compte de l’ensemble des expertises. Cette semaine, on apprenait justement qu’il n’y aurait « que » 4.500 logements vides à Bruxelles alors que la première estimation portait sur 17.000 à 26.000 :une méthode à challenger.
Le Forum des jardinier demandait déjà un moratoire en 2022. 67 groupes locaux se sont fédérés dans une stratégie globale.
En deuxième couronne, on construit surtout des logements privés à des prix élevés qui ne répondent pas aux besoins sociaux. En première couronne, on continue à densifier. Malgré les pistes évoquées par le PRDD, reconnaissons qu’il y a 5 ans la préservation de la biodiversité ne constituait nullement un sujet politique. La mobilisation sur la Friche Josaphat et les leçons du COVID ont forcé la maturation du débat. Mais ce n’est pas encore une priorité politique partagée (vous le voyez, le distinguo entre sujet et priorité ?) bien qu’une ville à 50 degrés constitue un environnement létal.
La priorité du moment, pour moi, c’était nonobstant subitement que mon fils, qui venait d’être opéré, avait 40 de fièvre et vomissait : je suis donc rentrée dare dare pour accueillir le médecin de garde. Résultat : virus grippal (et pas infection post op, ouf).
Mercredi 6 mars 2024
J’ai vu un chercheur qui travaille sur la relation, éventuelle, entre l’âge des député.e.s et la conception de politiques à long terme. Sujet très intéressant. Au-delà du jeunisme et de l’âgisme, beaucoup plus marqués en politique, à mon avis, que dans la vraie vie, le lien n’est pas évident : des député.e.s experimenté.e.s peuvent arriver à leurs fins à la longue (ou, au contraire, se montrer de « bons petits soldats » dénués d’initiative), des jeunes peuvent bousculer l’institution (ou au contraire s’auto censurer afin de planifier une carrière long terme dépendante de la particratie). C’est l’organisation des législatures et la particratie qui posent question. (Pour ne rien dire de la médiocratie.) Parmi les pistes qui existent dans la littérature, celle des assemblées inter-parlementaires dédiées spécifiquement au long terme paraît intéressante car, à la fois, les alliances sont incontournables, et il faudrait gagner une liberté de penser au-delà des accords de majorité.
Le soir réunion du Bureau de campagne. Voir paragraphe précédent.
Jeudi 7 mars 2024
Réunion de groupe
Dépot des questions à midi, on a déposé à midi moins une.
Team verte.
Le soir la génération sandwich s’est appliquée à un plan tendu mais efficace : déposer le grand chez la kiné, aller faire les courses pour remplir le frigo, revenir rechercher le grand chez la kiné, le déposer à la maison, retourner chercher sa copine et les courses au supermarché : waouh. C’est juste pour donner une illustration d’une question politique, celle du sandwich.
Vendredi 8 mars 2024
8h45 : réunion de groupe au Sénat.
Aujourd’hui, pour la première fois en Belgique semble t-il, la question de la ménopause sort de la sphère du tabou social. C’est un texte du CD&V, pas du tout ce que j’aurais écrit et je prends le train en marche, n’ayant pas eu l’occasion de participer aux auditions. C’est néanmoins un vrai sujet politique.
Avec France Masai nous avons donc discuté ménopause : un soulagement (plus de règles) et un tabou social : « vous avez atteint la date de péremption » de la procréation et donc, dans l’esprit de beaucoup, même inconsciemment empreint de morale religieuse, de la sexualité. « Allez vous faire voir », ai-je envie de commenter.
Bref, débats sur un texte sur la ménopause et la question de la prise en compte de la dimension de genre dans la santé.
La présidente ; qui a vécu un infarctus mal diagnostiqué, a fait remarquer l’absence du Belang et de la Nva qui ne semblent décidément pas attacher d’importance aux thématiques qui touchent les femmes.
L’auteure de la proposition de Résolution rappelle que le président de la mutualité chrétienne a déclaré que si les hommes devaient traverser la ménopause, la retraite serait à 50 ans. Rik Daems marque son étonnement.
Moi je dis: on peut commencer par la retraite à 50 ans pour les femmes. Sur base volontaire, évidement, car le travail apporte beaucoup en termes de liens sociaux.
Appel est fait à ce que les entreprises s’adaptent afin que les femmes puissent poursuivre leur vie professionnelle de manière harmonieuse. Enfin, si elles pouvaient poursuivre leur vie tout court sans être jugées sur leur physique, leur âge, leurs origines, ou leur orientation sexuelle, ce serait déjà un gros progrès, hein ;
Nous voilà en bonne posture pour la journée de lutte pour les droits des femmes !
La génération sandwich c’est d’être d’abord pour soi même une femme, mais aussi pour les autres, une mère, une fille, une sœur, une compagne, une amie, une femme qui sait ce qu’elle vaut/veut …
Tout un programme !