Sur les six mille collaborateurs qui travaillaient avant le confinement dans ces deux tours du boulevard Albert II, en septembre, ils n’étaient plus que sept cent. Un constat qui aurait poussé Guillaume Boutin, le CEO de Proximus à évoquer publiquement le dossier d’un possible déménagement. C’était le 30 octobre dernier, lors de la présentation des résultats de l’entreprise : « Personne n’imagine revenir à la situation d’avant Covid… Une nouvelle convention collective autorise trois jours de télétravail par semaine pour le personnel. Dès lors, poursuit-il, nous ne sommes plus persuadés que les tours emblématiques de Proximus à Bruxelles, soient idéales« . Proximus pourrait donc mettre en vente ses deux tours de 28 étages, (plus de 100.000 m2), construites dans les années 90, au bénéfice d »un campus », plus petit et multifonctionnel.

Des besoins de financement pour le déploiement de la 5G

Une analyse qui ne surprend pas Nicolas Van Zeebroeck, professeur d’économie numérique à la Solvay Business School. « Beaucoup d’entreprises considèrent que le télétravail pourrait devenir la norme, logiquement cela se traduira dans des structures immobilières plus souples et pas dans de longs couloirs qui seraient vides une grande partie du temps« . Mais cet observateur attentif remarque aussi qu’une telle opération est sans doute intéressante à plus d’un titre pour Proximus. « Cette revente éventuelle peut aussi se comprendre à la lumière des enjeux en termes d’investissements dans la fibre optique, dans la 5G, et de plus en plus, des opérateurs se disent que leur capital serait mieux utilisé dans les réseaux que dans les bâtiments. »

L’occasion de repenser l’avenir du quartier nord ?

Ces derniers jours, la société de services financiers Euroclear, voisine de Proximus sur le boulevard Albert II, a aussi annoncé mettre en vente ses bureaux. Alors, cinquante ans après le rêve du promoteur Charly de Pauw de créer un World Trade Center, près de la gare du Nord, n’est-il pas l’heure de repenser l’avenir de ce quartier de bureaux, longtemps décrié pour son manque de mixité. C’est en tout cas, l’avis d’Isabelle Pauthier, députée régionale Ecolo. Autrefois directrice de l’ARAU (Atelier de Recherche et d’Action Urbaines). Elle s’est beaucoup intéressée à ces dossiers urbanistiques : « Le télétravail et la crise vont modifier le marché immobilier, il est temps de rattraper les erreurs du passé. Réinstaller du logement, réaménager l’espace public, la mobilité« . Et selon Isabelle Pauthier, il revient à la région bruxelloise d’encadrer ses mutations à venir.

Les (trop rares) habitants sont invités à donner leur avis

« Jusqu’à aujourd’hui, le Quartier Nord de Bruxelles est surtout une cicatrice laissée par les coupes à blanc des années 1960. Les abords de la gare du Nord sont cependant une des zones les plus accessibles de Belgique. C’est l’endroit idéal pour y habiter, travailler, étudier, se détendre mais le potentiel de la zone reste largement inexploité. » Ces quelques phrases sont extraites du communiqué de la région annonçant, il y a quelques jours, la création d’un groupe de pilotage dirigé par le ministre-président Rudi Vervoort et le secrétaire d’Etat à l’Urbanisme, Pascal Smet, qui aura pour but de coordonner les différents projets. Elle invite donc, du 9 novembre au 7 décembre, les habitants du quartier, les utilisateurs, les commerçants, et les passants à donner leur avis via une enquête en ligne.

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