Cette question a été rattrapée par l’actualité, puisque le projet de plan d’aménagement directeur (PAD) a été approuvé en première lecture et est annoncé à l’enquête publique, ce dont je me réjouis.
Vide depuis que la SNCB l’a racheté à la poste en 1998, le bâtiment de l’ancien tri postal situé aux abords de la gare du Midi constitue un édifice de plus de 30.000 m². Il bénéficie aujourd’hui et jusqu’à la fin de l’année 2021 d’une convention d’occupation temporaire mise en place par l’asbl Communa, qui propose des activités répondant aux besoins sociaux du quartier et du moment.
Il est cependant question d’offrir enfin un projet d’avenir à ce mastodonte. Il semble que la politique immobilière de la SNCB sorte de la torpeur dans laquelle l’avaient laissée ses propres spéculations relatives à une folle chimère techniciste d’élargissement de la jonction ferroviaire. C’est en ce sens que le consortium immobilier qui agit pour le compte de la SNCB a déposé une demande de permis d’urbanisme pour la Fonsny en un hôtel de 231 chambres.
Sur l’autre partie de l’immeuble, situé avenue Fonsny, un consortium un peu différent, apparemment, envisage de créer le nouveau siège de la compagnie ferroviaire sur plus de 75.000 m², demande qui est à l’instruction et dont le rapport sur les incidences environnementales (RIE) est en cours d’élaboration.
Quand L’Écho a annoncé, le 21 février 2020, la désignation de l’association momentanée Immobel, Besix et BPC/BPI, il n’était nullement question d’un hôtel, mais d’un projet qui comportait deux volets : d’une part, la vente des immeubles de bureaux historiques appartenant à la SNCB et situés sur quatre sites ; et, d’autre part, la conception et la construction du nouveau siège principal de la SNCB derrière le tri postal.
L’enquête publique relative à ce projet d’hôtel a donc surpris tout le monde. Elle s’est déroulée du 8 février au 9 mars dernier et a fait l’objet d’une forte mobilisation citoyenne. Ainsi, de nombreux riverains ce sont opposés au projet d’hôtel. Ils sont aujourd’hui suivis par le collège des bourgmestre et échevins de Saint-Gilles qui a remis un avis défavorable dans ce dossier.
Pour la commune, il y a un saucissonnage puisque les deux dossiers portent sur le même immeuble – le tri postal – et n’ont pas été rentrés en même temps ni par les mêmes auteurs, ce qui
pose la question de la vision d’ensemble.
Dans son avis, la commune regrette que le PAD Midi, annoncé depuis de nombreuses années, soit toujours en gestation et n’ait toujours pas été mis à l’enquête publique. En l’état, le collège de Saint-Gilles demande donc au gouvernement régional d’accélérer le processus d’élaboration du PAD afin d’avoir une vue d’ensemble sur le réaménagement du futur quartier du Midi et demande à la SNCB de déposer un nouveau permis d’urbanisme qui englobe l’ensemble de ses projets, y compris de bureaux.
La Région va-t-elle donc à son tour sortir de sa torpeur autour du quartier du Midi ?
M. le ministre-président, le quartier de la gare du Midi souffre depuis trop longtemps d’un manque de vision globale de la part des pouvoirs publics. Le projet ambitieux de PAD doit permettre de répondre à cette problématique en offrant un nouveau souffle à tout un quartier.
Je vous ai interpellé à ce sujet le 7 décembre dernier, et à l’époque, il n’était pas non plus question d’un hôtel.
Le projet de PAD Midi traduit les intentions du schéma directeur et du contrat de rénovation urbaine (CRU) Gare habitante et propose un vaste jeu de chaises musicales immobilières puisque la SNCB et Infrabel abandonneraient quatre implantations tertiaires pour regrouper leurs sièges respectifs dans de nouveaux immeubles. Encore faut-il que les gabarits souhaités soient conformes au règlement régional d’urbanisme (RRU).
En l’occurrence, il tombe sous le sens que les 8.400 m² dédiés à l’hôtel pourraient dégonfler le projet de bureaux qui est écrasant. On se souvient qu’en 2019, le rapport de l’Inspection des finances avait torpillé la politique immobilière du gouvernement belge et épinglé, notamment, la gestion du dossier de la Cité administrative de l’État et du WTC III, et que la politique immobilière autour des gares fait également débat depuis de nombreuses années.
Qu’en est-il du dialogue avec la SNCB et Infrabel concernant l’avenir du quartier Midi ? Pourquoi l’avenir du tri postal ne fait- il pas partie intégrante du projet de PAD Midi ? Qu’en est-il du développement du site ? Ce saucissonnage du dossier ne risque- t-il pas de porter atteinte à la vision du développement de cette partie densément peuplée et urbanisée de notre Région ? Sur le plan de la gouvernance, n’est-il pas délicat d’opérer de cette manière ?
Quand l’enquête publique sur le projet de PAD Midi est-elle prévue ? Pourquoi ne pas avoir évoqué ce projet d’hôtel lors de nos débats du 7 décembre dernier ? Ce type d’affectation n’est-il pas rattrapé par l’effondrement du secteur du tourisme d’affaires, qui était déjà à la corde avant la crise ?
Au-delà du suivi des taux de remplissage des hôtels effectué par le secteur, y a-t-il une évaluation immobilière de l’offre de capacité hôtelière effectuée par perspective.brussels ou un autre acteur ? En quoi des projets d’hôtels internationaux contribueraient-ils au concept de « gare habitante »?
Il me semble qu’une étude d’incidences sur les effets cumulés des projets est incontournable. Le RIE du projet de PAD tient-il compte de ce projet d’hôtel surprise ?
*Ici, réponse de M. Rudi Vervoort, Ministre-Président 17/05/2021 et intégralité des interventions : http://weblex.brussels/data/crb/biq/2020-21/00134/images.pdf#page=22
*Ici, réponse de M. Rudi Vervoort, Ministre-président 17/05/2021 et intégralité des interventions : http://weblex.brussels/data/crb/biq/2020-21/00134/images.pdf#page=24