La pandémie de Covid-19 et les mesures sanitaires qui en découlent ont violemment touché l’industrie touristique mondiale. Notre Région n’est bien évidemment pas en reste et subit lourdement les conséquences du ralentissement généralisé de l’industrie du voyage et du tourisme.
Ainsi, le nombre de nuitées a chuté de plus de 74 %. Aujourd’hui, le tourisme est au point mort à Bruxelles et des pans entiers de notre économie sont mis à mal en raison d’une situation instable, et ce pour une durée indéterminée. Rappelons que le secteur du tourisme de loisirs et d’affaires représente plus de 8 % des emplois bruxellois.
Avant la pandémie, nous parlions de tourisme durable, qui consiste à respecter l’environnement en limitant l’empreinte carbone et en respectant le bien-être de la population locale. Désormais, nous parlons de tourisme régénérateur, terme qui désigne le fait de laisser un endroit dans un meilleur état que celui dans lequel il était à notre arrivée. Par exemple, nous aurions pu éviter d’éventrer le socle de la Bourse et admettre que les touristes étaient à même de gravir quelques marches pour franchir un péristyle et entrer dans le monument par l’avant.
Si la pandémie a mis en évidence les failles du modèle économique du secteur du tourisme, elle est également vectrice de possibilités puisque le tourisme peut également régénérer les villes plutôt que de les vampiriser. Détachés du passé, nous avons la possibilité de réinitialiser notre approche et de nous tourner vers un autre avenir, de tracer une meilleure voie en fonction des préoccupations sociales et environnementales.
La crise actuelle pourrait être l’occasion de repenser les stratégies de l’industrie du voyage et du tourisme et de développer un modèle innovant capable d’associer l’environnement, la culture
et la vie même des gens.
Les neuf préceptes du tourisme régénérateur sont les suivants :
Les neuf préceptes du tourisme régénérateur sont les suivants :
– les gens d’abord (au lieu du profit d’abord) ;
– encourager un tourisme durable, attentif au respect de l’environnement, qui s’oppose au tourisme de masse et, par conséquent, au « surtourisme » ;
– inclure les communautés locales dans la gouvernance de l’industrie du voyage et du tourisme ;
– conserver la valeur des beautés naturelles et des richesses culturelles dans les territoires ;- protéger les écosystèmes en n’encourageant pas la surproduction économique, au profit des générations à venir ;
– soutenir les projets sociaux au profit des communautés locales ;
– donner la priorité et mettre en valeur des hôtes de premier plan en matière de durabilité, ayant de solides références sociales et environnementales ;
– promouvoir les vacances à proximité du domicile et l’économie circulaire, ce qui est aujourd’hui devenu une contrainte plutôt qu’un choix ;
– et renforcer le mutualisme au sein du réseau du mouvement coopératif auquel nous appartenons.
Ainsi, le tourisme régénérateur semble une opportunité pour une relance du tourisme bénéfique pour notre Région.
La difficulté est que le budget de visit.brussels spécifiquement alloué aux parties « Green » et « Tourisme pour tous », qui prévoit également un volet « inclusion et accessibilité », est trop faible : il s’élève à 50.000 euros sur un total de 28 millions, et représente 0,8 équivalent temps plein (ETP) pour assurer toutes les missions de notre Région dans ce domaine. C’est largement insuffisant pour atteindre les objectifs en termes de durabilité et réaliser des actions spécifiques.
Le budget de la durabilité devrait être profitable à toutes les actions de visit.brussels et non pas uniquement de façon segmentée. Il semble donc nécessaire que le budget dédié à ce segment soit plus important.
La déclaration de politique générale (DPG) indique que le développement du tourisme durable sera une priorité majeure de la nouvelle législature et qu’un plan d’action sera mis en œuvre par le gouvernement. Initiant ce tournant, le ministre-président a déclaré : « En collaboration avec les parties prenantes, un plan d’action sera élaboré en vue de renforcer le positionnement de Bruxelles comme destination durable sur la scène locale, nationale et internationale ».
La crise sanitaire se prolongeant, y a-t-il une évaluation des premières décisions du plan de relance défini par visit.brussels ? Quelles sont les mesures spécifiques prévues pour relancer un tourisme durable ou régénérateur, en profitant tout particulièrement du temps mort que connaît l’activité touristique actuellement, pour encourager et accompagner les acteurs du tourisme vers la durabilité ?
Pourquoi le budget alloué au tourisme durable est-il si faible ? Un budget spécifique est-il prévu pour la mise en œuvre du plan stratégique de durabilité ?
L’organisation de congrès est, après le transport, l’activité qui produit le plus de CO2. Comme le projet de centre de congrès sur le plateau du Heysel est abandonné, quelles sont les réflexions pour réévaluer la cible du marché des réunions, congrès, conventions et voyages de gratification (meetings, incentives, conferences and exhibitions, MICE) au profit d’un tourisme de séjour ?
L’agence visit.brussels est-elle associée aux réflexions sur l’avenir des palais des expositions, qui, selon certains, constituent un patrimoine à conserver et valoriser ? Le secrétaire d’État M. Smet a d’ailleurs pris attitude en ce sens.
Enfin, cette agence s’est-elle penchée sur les principes du tourisme régénérateur ? Quelles pistes pouvons-nous en tirer pour notre Région ?
Ici, Réponse M. Rudi Vervoort, ministre-président : http://weblex.brussels/data/crb/biq/2020-21/00086/images.pdf#page=20