Lundi 4 et mardi 5 septembre, le groupe Ecolo du PRB est parti en compagnie de ses collaborateurs.trices en mise au vert à Ostende. MAV, dans le jargon. Ce ne sont pas des vacances même si il y a un volet « incentive », facultatif (une balade à vélo ou en cuistax). C’est un séminaire de travail en vue de cette rentrée un peu particulière : la dernière de la législature qui nous a vu former ce groupe humain.
On a pris le train de 8h08 à la gare du Midi en envoyant des photos à De Wever qui se moque des gens qui prennent le train.
Bref on a boulotté, on a mangé des croquettes aux crevettes ou au fromage, on s’est baigné, on a arpenté la digue et, pour les plus courageux, et selon l’heure, la plage, la ville, les musées ou les bars. Et Jules a perdu son pull.
Mercredi 6 septembre 2023
Travail sur les questions parlementaires. J’ai relu toute la revue de presse estivale bruxelloise, oufti.
Jeudi 7 septembre 2023
Réunion de groupe.
Où nous parlâmes du dossier de la gare du Midi dans la perspective de la Commission Intérieur qui aura lieu mardi 12.
 » Et Isabelle, qu’est-ce que vous faîtes à propos du Midi, en Commission Développement territorial ? « 
Hé bien, on interroge le Ministre responsable, pardi. D’ailleurs je trouve qu’on devrait parler davantage d’aménagement du territoire quand il est question, au fond, d’un territoire et de son aménagement. Et que ça patine depuis plus de 20 ans.
Les débats sur le projet de PAD Midi et le CRU Autour du Midi se sont tenu principalement à 5 dates : le 7 décembre 2020, le 17 mai 2021, le 28 juin 2021, le 6 décembre 2021 et le 24 novembre 2022.
1. La vision défendue par Ecolo dans les débats parlementaires autour du projet de PAD Midi depuis 2020 :
– l’amélioration du dialogue avec les opérateurs ferroviaires puisque la RBC n’avait pas été associée par la SNCB au concours relatif au projet de siège social de 2017,
– l’amélioration globale du projet de PAD (Plan d’Aménagement Directeur) Midi et en particulier l’accroissement de la proportion de logements dans les développements immobiliers,
– la remise en question d’un accroissement excessif des superficies tertiaires considérant le faible intérêt historique pour ce quartier au-delà des opérateurs ferroviaires qui en occupent actuellement 65 % des superficies de bureaux,
– des garanties de bonne fin de l’affectation résidentielle des immeubles ou sites libérés par les opérateurs ferroviaires et des engagements de quotas de logements accessibles dans l’ensemble des développements immobiliers,
– le recyclage des immeubles plutôt que la démolition-reconstruction quand c’est possible, voire l’abandon de l’intention d’ouvrir via le PAD la voie à la démolition-reconstruction de l’îlot France-Bara, (abandonnée !)
– une analyse de pertinence architectonique concernant l’îlot dit Atrium ou Russie-Mérode,
– la remise en question du projet envisagé sur la trémie Jamar,
– des gabarits raisonnables,
– la clarification de la destination des quadrilatères situés sous les voies,
– des clarifications sur la destination des immeubles visés par le périmètre de préemption,
– des précisions quant au programme d’équipements,
– un accroissement des moyens du CRU (Contrat de Rénovation Urbaine),
– des garanties de coordination opérationnelle,
– un meilleur traitement des aspects environnementaux et en particulier de la gestion des eaux,
– la qualité et la taille des espaces verts,
– une gouvernance plus transparente.
En matière de mobilité, nous avons visé plus particulièrement :
– des précisions quant à la coordination avec les travaux du métro qui pénalisent fortement la zone,
– les modalités d’une réduction de la pression automobile sur la zone.
En plus de ces aspects , Groen s’est attaché plus particulièrement à la question des équipements dédiés à la petite enfance et aux équipements scolaires.
Enjeu central : le Ministre-Président s’est engagé à ce que que 25% des logements dans les futurs développements soient à finalité publique. La bonne fin de cet objectif nécessite un levier juridique (que ce soit inscrit dans le volet réglementaire du PAD, comme le Gouvernement l’a fait pour le PAD Heyvaert). C’est entre autres pour cela que je défends qu’il faut adopter ce PAD. Sinon les promoteurs seront libres de déposer des demandes de PU selon leur bon vouloir et la concertation avec les Bruxellois.e.s intéressé.e.s arrivera en bout de course.
C’est l’outil PAD qui permet à la fois de publiciser une vision d’ensemble, le contrôle démocratique sur cette vision et une étude d’incidences globale. Dans le cas de la gare du Midi, l’augmentation de la densité peut entraîner l’augmentation de la pression automobile, c’est un point d’attention.
2. L’adoption du CRU (Contrat de Rénovation Urbaine) « Autour du Midi » le 30 mai 2023
Suite à l’enquête publique sur le projet de PAD (et aux conséquences du COVID sur la demande de bureaux), le gouvernement a mis le projet de PAD au frigo et a validé des « Lignes directrices » qui ne sont pas contraignantes mais qui annoncent e.a. des révisions de densité et de gabarits, en particulier pour les sièges SNCB et Infrabel.
Le gouvernement bruxellois a validé par ailleurs le 30 mai 2023 le CRU (Contrat de rénovation urbaine) Midi qui constitue un programme opérationnel négocié avec les communes dans un cadre participatif. Ce programme est doté de 22 millions d’euros.
Le fil rouge de ces projets est le réaménagement des espaces ouverts autour de la gare : plus de place aux modes actifs ; amélioration de la liaison entre les quartiers ; inscription dans un maillage vert et bleu régional et création d’équipements publics sur ces espaces publics requalifiés.
Plein de choses intéressantes, donc, qui font dire à la presse qu’il a du réchauffé. Des équipement attendus depuis longtemps, en tout cas.
3. Mon avis sur la crise médiatique plus particulièrement
Premières réactions sur le thème : « le fédéral va nettoyer la gare du Midi »
Bruxelles n’est pas un protectorat du fédéral.
Deux : il est assez cocasse pour qui connaît le dossier que l’alerte vienne de la SNCB qui a acheté le Tri postal en 1998, il y a 25 ans. Il y a d’autres aspects à considérer dans les 22 propositions du groupe de travail comme le fait de donner une façade à cette gare, de relever les quais ou d’améliorer l’éclairage et la signalétique.
Trois : l’angle mis en œuvre dans le débat public c’est l’angle sécuritaire qui repose sur des amalgames entre pauvreté et insécurité, ouvre un boulevard aux conservateurs xénophobes et débouche sur une chasse aux pauvres qui ne peut que déplacer les problèmes comme l’a dit Alain Maron dans l’Echo. https://www.lecho.be/…/alain-maron-ecolo…/10489493.html
Comme nous l’ont montré les auditions en Commission Mobilité en mai 2022, les pouvoirs publics travaillent déjà avec les associations spécialisées mais celles-ci sont au bout du rouleau.
Mais, en amont, qui est en charge de l’asile (qui laisse 2.200 migrants non expulsables et des milliers d’autres en rue, sans revenus légaux) ? Qui est en charge de la criminalité financière liée au trafic de drogue ?
Bref, il faut également plus de moyens pour la justice, plus de moyens pour l’accompagnement des personnes vulnérables, plus de moyens pour la propreté, …
Quatre : en termes d’aménagement du territoire, le CRU va concrétiser une partie des interventions prioritaires sur l’espace public et les équipements mais la réurbanisation des sites quittés par les opérateurs ferroviaires et la création du parc de la Senne nécessitent des changements d’affectation et/ou des dérogations à la législation existante. D’un point de vue démocratique, un cadre global est nécessaire afin d’assurer la transparence des intentions des pouvoirs publics et de leur garantir les leviers d‘action qui manquaient jusqu’à présent. En particulier un levier juridique est nécessaire pour la réalisation des 25 % de logements à finalité publique dans les développements futurs dans une zone où le taux de logements publics est de 4%.
Pour le surplus je m’étonne que personne ne parle de l’impact du chantier du métro sur tout ce quartier : bruit, poussières, vibrations, déviations, ruptures de charge (le 51 est arrêté au Midi alors qu’il allait jusqu’au funérarium à Uccle)
Sur la question du logement :
Question Isabelle Pauthier, 6 décembre 2021 : « À quel stade se trouvent les réflexions sur les sites destinés à être libérés par les opérateurs ferroviaires ? Y a-t-il, en particulier, des garanties de bonne fin de l’affectation résidentielle des immeubles ou sites vidés par les opérateurs ferroviaires ? Y a- t-il, avec le consortium privé, des engagements de proportion de logements accessibles, puisque c’est là que se trouve la demande ? Le rapport sur les incidences environnementales évoque la nécessité de réaliser au moins l’objectif de 15 % de logements à finalité publique dans le périmètre du PAD : « Comme signalé dans le plan régional de développement durable, tout projet de logement dans le PAD devra contenir au minimum 15 % de logements publics. Ce chiffre étant le résultat obtenu par l’application simple et stricte de l’esprit de l’arrêté charges d’urbanisme, il serait judicieux de le monter à 20 à 25 % sur le PAD Midi car c’est une réelle nécessité dans ce périmètre. » On l’a dit, la commune de Saint-Gilles est en déficit à cet égard. Quelles clauses sont-elles prévues avec le secteur privé et pourquoi la Société du logement de la Région de Bruxelles-Capitale n’est-elle pas associée à la réflexion? »
Réponse Rudi Vervoort, 6 décembre 2021 :
« Le PAD prévoit, à ce stade, des minima en matière de logement.
Vu les affectations du plan régional d’affectation du sol, il est difficile de garantir ces logements sans ce plan. Les proportions entre logements, bureaux et autres affectations prévues dans le PAD constitueront la base pour le redéveloppement des îlots, y compris ceux qui seront libérés par la SNCB et Infrabel. La Région dispose de plusieurs outils pour promouvoir la production des logements publics sur le terrain privé, à savoir les charges d’urbanisme, les appels à projets, l’achat des logements dans des projets privés. Ces instruments sont mis en œuvre pour combler les déficits et atteindre l’ambition régionale de 15 % de logements à finalité sociale.
La Société du logement de la Région de Bruxelles-Capitale (SLRB), qui acquiert de l’expérience par rapport à la question de la réalisation de logements publics sur le terrain privé, devra évidemment jouer un rôle dans la réalisation de cette ambition. Citydev.brussels participera aussi au travers de projets de logements conventionnés, notamment le projet Jamar, avec 10.000 m². »
Question Isabelle Pauthier, 14 novembre 2022 : « En mars 2021, vous avez déclaré devant notre commission que vous étiez favorable à l’imposition d’une part de logements publics sur les espaces libérés par la SNCB. Je rappelle qu’il s’agit actuellement de terrains publics et que la déclaration de politique régionale impose un minimum de 50 % de logements à finalité sociale sur ce type de terrains.
Dans son article, le journal L’Écho précise : « Pour la typologie des logements, un objectif de 25 % de logements sociaux et assimilés sera désormais visé et soutenu par urban.brussels dans les projets immobiliers d’une certaine ampleur. » Dans d’autres articles, il est question de 30 %. Quel est votre objectif dans ce domaine et quel levier sera utilisé pour l’atteindre ? »
Réponse Rudi Vervoort, 14 novembre 2022 :
« Comme évoqué précédemment, le gouvernement a approuvé les principes d’aménagement pour le développement du quartier du Midi, tout en insistant sur la nécessité de disposer de minimum 30 % de logements dans les projets d’envergure déployés dans le périmètre. Ce pourcentage a été souligné pour garantir la
mixité des fonctions et, plus spécifiquement, l’équilibre bureaux/ logements au sein du périmètre.
Par ailleurs, l’objectif visé de 25 % de logements sociaux et assimilés sociaux sera soutenu par urban.brussels dans les projets d’une certaine ampleur, sans préjudice de l’application des charges d’urbanisme, afin de veiller à l’accessibilité financière aux logements et limiter l’impact d’une hausse des loyers. »
Réponse Rudi Vervoort, 14 novembre 2022 :
Concernant spécifiquement la question des gabarits et émergences, les principes d’aménagement proposés sont notamment la diminution des gabarits dans le cadre du règlement régional d’urbanisme existant, parallèlement à la volonté de diminuer la densité. Il s’agit de garantir la qualité des espaces publics et espaces ouverts existants et à créer, de diminuer les nuisances que pourrait créer le développement de bâtiments élevés (vent, ombrage, etc.) et de définir les meilleures implantations du bâti afin de maintenir une percée visuelle depuis le haut de Saint-Gilles. »
Voilà l’essentiel. Pour celles et ceux qui s ‘intéressent à l’histoire urbaine :
Tous les documents du projet de PAD sont sur le site de perspective.brussels.
Vendredi 8 septembre 2023
Je suis donc allée à l’ouverture de la Bourse de Bruxelles avec mon collègue en charge de Beliris au fédéral, Guillaume Defossé, afin de contrôler le bon usage des moyens fédéraux et régionaux par la Ville de Bruxelles.
Pour faire court, et comme je l’ai dit au bourgmestre de Bruxelles, j’ai toujours pensé qu’in fine la plus value du projet résiderait dans la restauration de la Bourse en tant que monument. A cet égard, c’est une réussite : le bâtiment est magnifique.
C’est la pression, en particulier des associations (jamais reconnue), qui a permis de repousser le centre d’interprétation de la bière dans les étages. Et ce sont les architectes qui ont proposé l’affectation du rez-de-chaussée en espace public traversant selon une option désormais classique (idem à Kanal : cela crée du trafic piéton). Au départ, le centre d’expérience de la bière et les espaces commerciaux se trouvaient au rez-de-chaussée, ce qui rendait l’entré payante de facto. Il est un peu curieux de marginaliser l’entrée principale sur les boulevards pour privilégier l’accès par la rue au Beurre, option la plus facile pour intégrer une circulation verticale (les ascenseurs jusqu’au roof top). Ce choix entraîne la démolition d’une partie du socle de la Bourse en contravention avec le COBAT, motif pour lequel un recours est actuellement devant le Conseil d’État. Par ailleurs, les associations ont mal digéré l’opacité de la gouvernance de projet en amont, la touristification de la ville, l’explosion des coûts et le conflit d’intérêt avec les brasseurs.
Un pouvoir public qui folklorise la consommation d’alcool, c’est moyen. Même si il est classique de jouer des stéréotypes culturels pour attirer le tourisme de masse, il est un fait que les coûts sociétaux, directs et indirects, de la consommation d’alcool sont énormes.
(Le lobby des alcooliers est influent. J’avais un jour invité un géographe qui nous avait expliqué comment il contournait les restrictions à la publicité dans des opérations comme Paris Plage, copiée à Bruxelles, et comment il subventionne des festivals destinés aux jeunes afin d’ancrer la consommation d’alcool.)
Par ailleurs, la société civile a, in tempore, demandé qu’il n’y ait pas de diffusion de musique amplifiée depuis le roof top. On verra comme cet « équipement » (c’est l’affectation de la Bourse dans les plans,) se comporte vis-à-vis de ses voisins. Et c’est tout l’enjeu du tourisme de masse : respecter la compatibilité avec l’habitat. Mon collègue Arnaud Pinxteren a d’ailleurs animé un trajet participatif avec les riverain.e.s.
Mais restons kikou lol. Quand cet argument brassicole aura connu son succès de nouveauté et que les animations seront en panne, la Bourse sera toujours là et il sera toujours possible de repenser l’affectation en équipement d’intérêt public de l’ensemble du bâtiment. Après tout, les galeries Saint-Hubert fonctionnent comme espace public dans le respect du patrimoine et avec une destination commerciale centrée sur le chocolat. Mais c’est de plain pied et la configuration des lieux rend le contrôle social possible, il n’y a pas de recoins.
Allez y et faîtes vous votre propre opinion.