Une semaine calme
C’est du moins ce qui était annoncé puisqu’à l’issue d’une semaine de congés de Détente aucun vote n’était prévu. C’était sans compter sur le fait que mon principal dossier, en tout cas celui sur lequel la mobilisation citoyenne est la plus forte, celui de la friche Josaphat, était à deux doigts, d’après la presse, de faire collapser le Gouvernement bruxellois. J’ai donc pas mal travaillé pendant la semaine de détente, discuté au téléphone avec les uns et les autres, et préparé une note d’état des lieux « post coup de force dans les OIP » pour le groupe PRB.
Lundi 27 février 2023
Bureau politique avec la Friche Josaphat, entre autres, au menu.
Comme j’avais vu l’ordre du jour vendredi je me suis renseignée pour savoir qui présentait le point. C’était le Ministre. Pas besoin donc de chercher dans mes fichiers une carte de la dernière version connue du projet, le Cabinet l’aura fait. Hé oui, mais cette carte n’était pas orientée, ce qui fait que c’était acrobatique pour les gens de comprendre, a fortiori sur zoom, – et encore plus compliqué pour Alain Maron d’expliquer – que l’Ouest de la friche était en bas (« au sud, enfin, le faux sud »). (Mais au moins il y avait une carte, ce qui est rare en politique, y compris en Commission.) Bon, j’ai complété l’excellent exposé par Alain du processus démocratique, du projet et de la situation politique avec un volet « biodiversité » et un volet « logement ». Pas mal d’intérêt dans le chat. Et John a commenté le chemin de sortie de crise, assez incertain et caillouteux. Mais il ne faut jamais négliger le rôle des facteurs externes. A la place de la société civile je ne me sentirais pas précisément entendue. A la place d’Eiffage je douterais sérieusement de la crédibilité du processus et de certains acteurs. Et à la place du soumissionnaire éconduit j’introduirais un recours pour le beauté du geste.
Mais je ne suis qu’à ma place de contrôle de l’action du gouvernement, je vais donc continuer bien sagement.
En Commission Développement territorial, on apprend justement en arrivant que l’opposition avait déposé les 3 questions d’actu nécessaires à la tenue d’un débat d’actualité en Commission. La présidente (PS) n’avait pas songé à prévenir la majorité. Ces questions concernaient le dernier épisode de la saga Josaphat : le recours de la Commissaire du Gouvernement au CA de la SLRB contre l’attribution, via le CA de l’institution, du marché du dialogue compétitif destiné à détruire la partie la plus sensible de la friche Josaphat. La Commission a accepté le débat d’actu malgré quelques légers vices de forme. J’avais préparé le dépôt d’une question d’actu aussi, nous étions donc prêts. En l’absence du Ministre-Président, qui était au Japon, j’ai donc demandé à Pascal Smet si les administrateurs.trices des OPI avaient été valablement informé.e.s par la SAU et en particulier si ielles disposaient du dossier de demande de permis de lotir. Je connaissais la réponse, naturellement, qui était : « non ». Pascal Smet a répondu : « oui ». J’en ai informé le Cabinet.
Puis nous avons fait une réunion zoom, Ingrid et moi, avec le Premier échevin de Schaerbeek, Vincent van Halewijn, afin de faire l’état des lieux du projet de réaménagement de l’avenue Princesse Elisabeth.
Mardi 28 février 2023
Commission Mobilité
La présidence, MR, avait préparé un ordre des travaux. Ces débats (sur le programme des travaux ultérieurs) a lieu à huis clos. Le MR suggérait toutes sortes d’auditions. C’est ballot, maintenant que la ministre est revenue et qu’on peut lui poser plein de questions, entre autres sur le métro. Les ministres n’assistent pas aux auditions mais sont tenu.e.s de répondre aux questions par ailleurs. Nous avons décidé d’en discuter en groupes d’abord. Mais je suis également assez intéressée à entendre la STIB sur les avaries du projet de métro. Ainsi que les Ministres responsables de la décision initiale. J’ai d’ailleurs déposé une question à Pascal Smet, qui est en charge des permis d’urbanisme et du patrimoine, sur les conséquences pour le patrimoine, de l’alternative proposée par la STIB face à l’insuccès de la technique du jet grotting, de « démonter le toit du palais du Midi » pour construire des murs emboués à partir de l’intérieur du bâtiment. Admirable euphémisme. (Rappelons que notre ami était ministre de la Mobilité entre 2003 et 2009 puis entre 2014 et 2019.)
La Commission a ensuite applaudi le retour d’Elke Van den Brandt. Puis est passée aux questions. Sauf sur l’avenue Princesse Elisabeth puisqu’on son auteur, des Engagés, était absent. (Voilà comment on stocke du travail pour les semaines suivantes.) Il y avait d’autres questions intéressantes mais sur un format sans possibilité d’intervention.
Dans la foulée, nous avions une réunion de majorité sur deux propositions de Résolutions de Défi. Le modus operandi de la majorité ne permet pas, en principe, de déposer des textes sans accord de principe mais il y a des transgressions : interdiction de l’abattage rituel (dépôt par Défi), par exemple, ainsi que des initiatives de députés PS sur les matières des autres ministres. Nous avons fait remarquer, Ingrid et moi, qu’Ecolo était encore assez discipliné. L’un des textes, relatif à une question de sécurité routière était négociable. L’autre, qui engagerait le budget régional, voire fédéral, non. Et ils avaient oublié de commander des sandwichs, chez Défi. C’est comme ça qu’on s’est retrouvées à manger vers 14h30. Mais ils ont une très belle vue sur notre intérieur d’ilot et un panneau avec de chouettes affiches historiques du FDF. Je pense, sans ironie, qu’ils ont raison de mettre en valeur d’où ils viennent. Il ne faut jamais l’oublier.
Et puis j’ai fait la journée continue puisqu’un jeune collègue me faisait la grâce de m’inviter au resto pour mon anniversaire. Finalement, j’ai acquitté le resto et lui les verres après;). Pour l’anecdote nous avons quitté un bar à bières bondé, bruyant, moite et surchauffé sans commander pour trouver un agréable bar lounge où nous étions seuls au monde enrobés d’un fond musical adapté. Et le mojito au même prix que la bière spéciale. Comme quoi : ne jamais se résigner. Persister.
Mercredi 1er mars 2023
En passant le long du canal pour aller au Parlement, j’ai vu qu’il y avait des tentes supplémentaires et un homme qui dormait à terre. Il faisait moins 3 degrés. Comme j’avais déjà envoyé une photo de ce type sur le groupe Signal fédéral je me suis dit qu’on était jamais aussi bien servi que par soi même. J’ai jeté sur clavier les questions que cette situation m’inspire à l’usage de ma collègue, Marie Lecocq, parlementaire de référence « Asile » au PRB, qui se préparait à interroger le responsable de l’évacuation du mal nommé « Palais des droits ».
Avec Lucie nous avons travaillé sur 3 projets de questions à Pascal Smet : sur le Palais du Midi, sur le classement du jardin de la Villa Dewin, sur l’hôtel de Grimbergen place Royale (chatière du futur Musée du Chat).
Et puis le soir je suis allée à une Assemble générale de la Locale Ecolo de Molenbeek. Nous procédons au choix du dispositif de sélection des candidats pour les élections communales. Ma Locale m’a fait l’honneur de me solliciter pour participer au Comité de liste qui fera une proposition à la Locale pour la tête de liste. Si, si, je suis considérée comme une personne sage en interne. (En tout cas qui essaie d’être juste, je tiens le favoritisme et le copinage pour ce qu’ils sont : des modes de gouvernement peu légitimes et surtout démobilisateurs).
Jeudi 2 mars 2023
J’ai donc procédé au dépôt des 3 demandes d’explication à Pascal Smet mais j’ai calé sur la DE à Rudi Vervoort sur le projet de PAD de la Porte de Ninove car les associations manifestaient devant le siège du Gouvernement qui ne se tenait pas place Royale. Je suis donc montée papoter avec la société civile qui cherchait à comprendre les différents scenarios possibles dans le dossier de la friche Josaphat. (Pas grave, le débat sur Porte de Ninove a lieu de toute façon ce lundi.)
En sortant du café, en dévalant le Coudenberg vers le Parlement, j’ai parlé au téléphone avec les grands chefs à plumes qui sortaient eux-mêmes de réunion. Et puis on a annulé la réunion de la team verte pour faire une mini réunion « Communication » et planifier la suite des opérations.
Vendredi 3 mars 2023
Réunion de groupe avec chien (une collègue fait du dog sitting) où l’on a parlé d’un gros matou, des questions pièges, de Josaphat, de la désescalade au Gouvernement puisque nos amis pensent avoir obtenu par la ruse et la force ce que la participation du public et la procédure leur refusaient.
Le prof de néerlandais n’a pas pu arriver au Parlement à cause de la manifestation des agriculteurs flamands qui veulent continuer à épandre de l’azote. Ingrid m’a donné une boule de Berlin. J’ai téléphoné au Marwanistan, etc. Et le gag c’est qu’ayant oublié mon badge j’ai failli dormir au Parlement. Et me suis souvenue en arrivant chez moi que j’avais laissé mon vélo dans la rue. Retour nocturne rue du Chêne où ma monture attendait bien sagement depuis le matin devant l’écurie.
Samedi 4 mars 2023
Magnifique interview de retour d’Elke Van den Brandt dans La Libre. Elle compare la friche Josaphat à la Maison du peuple, détruite par son propriétaire, le Parti ouvrier Belge, en 1965. Destruction irrémédiable malgré la pétition de spécialistes, par déni de la valeur collective de cet héritage (et appât du gain, à l’époque.
Extrait :
« On l’a découvert quand le vote (sur l’adjudication du projet) a été mis à l’ordre du jour, car nous avons été avertis de l’intérieur. Mais le PAD (le plan qui doit définir quoi faire avec cette zone, NdlR) est bloqué depuis des mois. Les socialistes ont raté pas mal d’opportunités d’en parler. La friche Josaphat est un dossier important. Des milliers de gens se sont exprimés dans une enquête publique. Josaphat est le dernier grand espace vert qu’il reste à Bruxelles. Il faut le sauvegarder. On doit avoir des villes résilientes et agréables à vivre. Pour cela, on va se battre. Il ne faudrait pas que la friche Josaphat devienne la maison du peuple de notre génération (bâtiment remarquable de style Art nouveau conçu par Victor Horta et démoli en 1965, NdlR). On se demande aujourd’hui pourquoi ils l’ont détruit. De la même façon, nos enfants ne comprendraient pas qu’on bétonne le dernier terrain vert qu’il nous reste. »
Je publierai dans la semaine le rattrapage de la « Semaine de la forfaiture » celle du 13 février.