Semaine des lobbys
Lundi 30 janvier 2023
Au Bureau politique, Céline Tellier, Philippe Henry, Olivier Bierin (à ne pas confondre avec Eric Bierin) Stéphane Hazée,… ont raconté le bras de fer interne au Gouvernement wallon qui a finalement conduit au plafonnement du nombre de vols à l’aéroport de Liège à 55.000 mouvements. Ce qui permet de ne pas étrangler l’activité aéroportuaire mais de la réorienter à terme vers une exploitation raisonnée.
C’était une gageure car il s’agit de sortir du déni des enjeux de santé publique lié aux nuisances sonores, du déni de la contribution du secteur aérien au dérèglement climatique, du déni de la nécessaire réinvention de l’économie endogène. (La logistique n’est officiellement plus un axe prioritaire).
Néanmoins les lobbys étaient montés en puissance dans la presse. Rappelons que le MR refusait toute limitation. Certains sont encore prêts à sacrifier la santé publique pour prolonger des emplois liés à des secteurs nocifs. Les nuisances sonores vont être réduites de 90 % d’ici 2030 et, en 2030, les 747-400 seront interdits de décollage entre 23 h et 7 h00, ils sont responsables de 93 % des plaintes en 2022.
Conclusion de Bertrand Henne, qui faisait ce lundi le solde des pertes et gains pour les partis : « Cette affaire démontre la difficulté, encore aujourd’hui pour le politique, d’intégrer la contrainte climat face aux enjeux de l’emploi et de l’économie au niveau régional. Même en Wallonie et même à Liège, où on a pourtant été durement frappé par les catastrophes climatiques, on continue à développer un secteur totalement dépendant du pétrole. »
Pourquoi, facialement, Ecolo a-t-il l’air mal pris alors que, dans les faits, le nombre de vols est plafonné ? D’abord, parce que la perte d’emplois est un sujet sensible quel que soit le type et la pérennité des emplois. C’est ainsi que les pouvoirs publics ont perfusé la sidérurgie pendant des décennies plutôt que d’investir dans la formation en vue de la transition vers l’économie de services, d’abord, puis du numérique. https://www.sudinfo.be/…/edito-cet-attentisme-wallon…
(Cela m’a rappelé qu’en conclusion d’une Master Class organisée par Citydev il y a quelques années, un édile socialiste a demandé au politiste Patrick le Galès ce qu’il fallait faire. « Ecouter les écologistes » a répondu froidement Le Galès. J’ai ri.)
Ensuite parce qu’un public culturellement proche de nous exprime légitimement sa déception.
Le rôle des associations et comité de riverains doit cependant être pensé positivement. Ils ne sont pas nos « partenaires ». Pas plus que ceux des autres partis. La société civile est indépendante et équidistante, en principe. C’est à elle qu’il revient d’identifier quels sont ses alliés, à quel moment, et dans quel objectif. Même si jouer l’opposition contre la majorité est efficace pour agiter le débat public, il ne faut pas se faire d’illusion quant au pouvoir de l’opposition. Il faut continuer à dénoncer les tenants de la fuite en avant.
Enfin, on ne peut pas comparer Ecolo de 2003 avec Ecolo d’aujourd’hui : 20 années se sont écoulées, le parti s’est professionnalisé, il a davantage de ressources techniques et tactiques. J’ai assisté à une réunion des spécialistes de ce dossier au sein du parti il y a quelques mois, le niveau de technicité était stratosphérique. L’environnement culturel a évolué également considérablement.
Saskia Bricmont a ensuite commenté les 15 (insuffisantes) mesures proposées par la présidente du Parlement européen pour empêcher la corruption. A Bruxelles, la Commission spéciale Uber Files en cours permettra de formuler des balises afin d’encadrer le lobbying, qui doit être séparé de la corruption. Les parlementaires sont sujets de toute sorte de contacts avec des lobbys, les concertations sont incontournables pour préparer une législation. Evidemment, de là à rentrer dans des relations de redevabilité, il y a une marge. Ne pas se laisser offrir de cadeaux ou de voyages tous frais payés par un hôte intéressé, par exemple. (j’ai senti le groupe MR frémir quand les experts ont abordé cette question dans le cadre de la Commission Uber, voir plus loin).
Entre temps, la levée de l’immunité du socialiste Marc Tarabella a été votée. Le groupe des Verts considère que les propositions ne vont pas assez loin, en particulier sur le volet sanctions. Saskia l’a redit à Jeudi en prime le 2 février :
Et puis, comme Pascal Smet était souffrant, nous avons été licencié.e.s, comme on dit à l’école secondaire. J’en ai donc profité pour relire les recommandations de la Commission délibérative consacrée à la biodiversité.
Mardi 31 janvier 2023
John m’avait demandé de le remplacer en Commission Egalité des chances parce qu’il y avait un ordre des travaux et qu’il était indisponible – bien qu’il ne figure pas sur la photo prise au Fuse avec Pascal Smet le week end précédent. 20 minutes à entendre les Commissaires discuter de leurs problèmes d’agenda à cause du double calendrier de vacances scolaires … mais la Commission a fini par trouver des solutions sans devoir voter, j’étais venue pour rien.
Réunion avec nos représentant.e.s au Conseil d’administration de la STIB avec un ordre du jour très touffu.
Réunion du CA d’Etopia sur zoom afin de discuter du programme des Rencontres de l’Ecologie Politique qui auront lieu en octobre 2023.
Mercredi 1er février 2023
Commission Environnement
La Commission a auditionné l’auteur d’une pétition relative au bruit des motos et a examiné la proposition de reformulation du Comité d’accompagnement. Le Comité a proposé d’élargir la question aux bruits de la mobilité en général dans le champ des compétences régionales, mais également à d’autres secteurs d’activités. Chaque groupe s’est exprimé. Ce qui était marrant c’est que le MR a décliné la proposition d’ouvrir le ban, conformément à l’ordre réglementaire qui donne priorité au premier parti d’opposition. Silencieux sur le bruit (et en particulier le bruit du trafic, évidemment). Puis nous avons esquissé le débat de fond, entre autres sur la notion de bruit évitable alors qu’évidemment on en est qu’à la question sur la question.
J’en ai profité pour faire la pub de cette initiative de 2018 :
Débats en plénière de l’ensemble des Commissions concernées sur les recommandations de la Commission délibérative Biodiversité qui s’est tenue au printemps. Bien que l’ordre du jour prévoyait que le débat ait lieu après que tous les ministres se soient exprimés et en leur présence, le Président Madrane a donné la parole aux groupes politiques après la première intervention, celle du Ministre-Président, sans doute afin de le libérer. Les groupes ont donc dû réagir à chaud sur cette intervention. Or, le Ministre Président nous a surpris : attirer l’attention sur la friche Josaphat et les autres dossiers sensibles, affirmer que les maillages verts et bleus n’étaient justement pas repris dans la planification à titre contraignant (comme si c’était une bonne chose), affirmer qu’aucune zone d’espace vert du PRAS n’était remise en question ce qui n’est pas tout-à-fait juste, évoquer « les vélleïtés de certains à ne pas participer à l’effort collectif ». Voilà qui a eu pour effet de susciter des réactions. Là le MR a bien voulu ouvrir le feu. Je suis intervenue pour le groupe Ecolo en tant que parlementaire de référence en Développement territorial, Tristan faisant l’intervention générale à l’issue des autres présentations, en tant que PDR en Environnement. J’ai donc rappelé que c’était (à l’époque) le Bureau élargi du Parlement (un organe politique) qui s’était chargé de la reformulation de la question qui portait initialement sur la friche Josaphat afin d’élargir le champ et, qu’en conséquence, j’étais étonnée qu’on parle tellement de la friche Josaphat puisque la décision du Bureau élargi était d’envisager le renforcement de la biodiversité à l’échelle de l’ensemble du territoire régional et pas seulementde la friche Josaphat. J’ai précisé qu’il serait souhaitable que les maillages verts et bleus soient réglementaires, conformément à la recommandation 2 de la Commission délibérative, article 5 et que non seulement les espaces verts de droit mais également des espaces verts de fait soient protégés : c’est d’ailleurs la perspective de l’arrêté de révision du PRAS. L’exposé de Pascal Smet a été beaucoup plus analytique, détaillant les apports du projet Good living en la matière. Barbara Trachte a évoqué le travail de Bruxelles Mobilité au nom d’Elke van Den Brandt dont la végétalisation du centre-ville en vue de relier les grands espaces verts existants entre eux via, notamment, la petite ceinture et la Porte de Ninove. Le Ministre Maron a fait un exposé très détaillé puisqu’on est au coeur de ses compétences. Sven Gatz a dit que son administration était ouverte à des propositions sous l’angle de la fiscalité etc.
Etaient présents : la plupart des ministres du Gouvernement, 4 député.e.s Ecolo et Groen, 3 du MR, 2 Défi, 1 PS au début, 1 NVA, 1 Agora, 1 Engagée, 2 participantes de la CD et les inaltérables services du PRB.
Le soir, vœux de la Commission Royale des Monuments et des Sites en l’absence du Secrétaire d’État, souffrant, hélas, car c’est la seule réception de ce type à laquelle il m’a été donné de participer cette année qui comprenait un exposé doté de contenus. Le thème de travail annuel est en lien avec la convergence des impératifs patrimoniaux et de transition énergétique. Il s’agit d’établir des diagnostics préalables précis et documentés, de rechercher comment rencontrer les enjeux sans dénaturer, d’identifier les points forts et faibles de chaque situation, de prioriser les interventions efficientes, de recourir au référentiel de l’économie circulaire (privilégier les matériaux déjà là, récupérer, recycler, …). Le patrimoine est une partie de la solution. J’avais un prof d’histoire, spécialiste de l’architecture médiévale, à l’unif, qui nous parlait sans arrêt de « la robustesse du mur épais »;) Alain Erlande-Brandenburg.
Lors de la réception de très nombreuses parties prenantes du secteur de la protection du patrimoine nous ont parlé :
* du projet de réfection de 5 tronçons de voiries dans les Marolles concocté par la Ville de Bruxelles dans le cadre du contrat de quartier (apparemment en dépit du bon sens),
* d’un projet problématique sur l’hôtel de Grimbergen place Royale,
* d’un projet de BOZAR d’aménager un quai de déchargement sur la rue Royale, si j’ai bien compris, ce qui paraît baroque,
* du projet de restauration du Pont du Jubilé sur lequel j’ai déjà interrogé Pascal Smet.
Cher.e.s collègues, à vos claviers pour des questions parlementaires.
Sinon, j’ai aussi discuté fort positivement avec un conseiller de Pascal Smet sur les intentions de l’année de l’Art nouveau et avec de nombreux acteurs sur différents aspects du projet Good living. Nous avons déjà collecté une vingtaine d’avis dont celui de la CRMS :
Je pense que la CRD est le seul acteur au-dessus de la mêlée, légitime pour produire en synthèse de ces avis des propositions de reformulation des articles pertinentes.
Jeudi 2 février 2023
Réunion de groupe
C’est passionnant, la trajectoire d’un groupe. Notre groupe est un groupe de personnes dont certaines se connaissaient préalablement et d’autres pas, et dont l’action collective est basée sur un programme (celui d’Ecolo), des valeurs, l’addition de compétences et de profils individuels très divers et dont l’action se déploie en réaction au discours des autres groupes. La manière dont les relations évoluent en fonction du contexte est parfois surprenante. Bref, ces derniers temps, j’ai repensé à la micro politique des groupes à propos de laquelle j’ai lu un bouquin à l’époque où IEB menait une démarche pour gérer ses inconforts internes : Micropolitique des groupes, Pour une écologie des pratiques collectives. David VERCAUTEREN Éditions HB, 2007, Politique(s).
« La puissance politique (mais également la puissance créative et intellectuelle) d’un groupe “dépend en grande partie de la manière dont celui-ci va inventer les dispositifs et artifices qui vont, indissociablement, permettre à ceux qui y participent et au groupe lui-même de convoquer les forces en présence, de les activer et de les développer”, page 168 cité in :
« Pourtant nous cultivons peu cette micropolitique, cette construction d’une écologie des pratiques. (…) comment se fait-il que, dans les groupes, la question de la micropolitique nous soit si étrangère, que nous soyons plus ou moins incapables d’appréhender sur un mode non psychologisant des problèmes comme le pouvoir, les relations, la déprime ? Quelle est cette force qui nous rend insensibles au devenir même de nos groupes, impuissants à comprendre les bifurcations, les changements, les brisures qui s’opèrent dans nos corps et dans les processus que nous mettons en place ? » Bref, nous sommes à un tournant dans l’histoire de ce groupe.
Dans un registre plus concret, notre chef de groupe m’a parlé récemment du dilemme du prisonnier. Un enjeu à dépasser dans une perspective d’action collective :
Je ne connaissais pas, le dilemme du prisonnier.
Enfin, j’ai toujours plaidé pour qu’on fasse des trucs ensemble, c’est encore le meilleur moyen de se connaître.
A midi, j’ai raté la manif « Baissons les loyers » qui avait pourtant lieu quasi sous nos fenêtres car avaient lieu l’audition de deux experts invités par la Commission spéciale Uber files sur le lobbying : Bart Fraussen et Theodoros Koutroubas. On ne va tenter un résumé, ça nous mènerait trop loin. Video ici :
Réunion team verte
Tristan m’a demandé si je pouvais être en plénière à 9h30, au cas où Céline Fremault dénigre Ecolo dans son intervention sur la proposition de Résolution sur la réforme du COBAT. Il faut toujours envisager le scenario du pire 😉
Vendredi 3 février 2023
En allant au PRB, j’ai rencontré un de mes collègues, Fouad Ahidar, Vooruit, à vélo sur le pont sur le canal, Porte d’Anvers. Il frôlait Molenbeek, même pas peur !
Nous avons devisé jusqu’au parlement. Une fois arrivés au parking vélo, je lui ai suggéré que nous pourrions échanger nos bécanes, puisque le sien est vert et que le mien est rouge. Mais le mien n’est pas électrique …
Plénière PRB
Et puis échange en ascenseur avec Ahmed Mouhssin. Et puis on s’est pointés comme des fleurs dans l’hémicycle où ladite Céline Fremault, trouvant un public toujours complaisant à cet effet, s’en prenait en effet à Ecolo sur une matière qui dépend entièrement de Pascal Smet (la grande réforme de l’urbanisme). Et, donc, n’entendant que mon serment de la veille à Tristan, j’ai fait une impro pour défendre cette réforme sous ses angles positifs. C’était assez facile car ma collègue Fadila Laanan, dans un bel élan écosocialiste, venait d’exprimer les nombreuses impérieuses nécessités environnementales à réformer. Je ne pouvais mieux dire ! Du coup, j’ai récapitulé les enjeux et parlé de gouvernance. Et Simon en a tiré une petite vidéo. Merci à lui ! Hicham et Ahmed ont remarqué que tout le monde m’écoutait. (En vérité, pas grand monde doit comprendre cette réforme puisque l’urbanisme est réputé (à tort) un truc compliqué, c’était donc l’occasion du rattrapage)
Et puis c’était l’heure des questions d’actualité puis des votes.
Et puis j’ai étudié le dossier du Pont Marchant à Anderlecht, que PS et le MR voudraient ardemment réouvrir à la circulation automobile alors qu’il est fermé depuis 9 ans.
Et puis j’ai fait un truc irrationnel comme la vie contemporaine nous l’impose parfois : retourner à Molenbeek pour une réunion de parents à l’école et puis revenir dans le centre pour une réunion à la Green House jusqu’à 22h00 mais c’était pour la bonne cause : remplir mes obligation familiales, d’une part, et soutenir ma locale dans la choix des dispositifs électoraux pour les élections communales, de l’autre. Micro politique des groupes, là encore. C’est évidemment plus facile à gérer quand on a soi même aucune ambition dans l’affaire. Pour déterminer des différentes parties des listes : proue, places stratégiques, corps de liste, poupe, Ecolo laisse aux locales plusieurs options : poll (vote place par place en AG locale sur base d’actes de candidatures), comité de liste délibérant sur base d’actes de candidatures également ou élection sans candidat (méthode de sociocratie). Selon les locales, les vocations exprimées (ou pas) sont plus ou moins consensuelles, des critères débattus collectivement sont donc nécessaires pour départager les ambitions. C’était intéressant.
Samedi 4 février 2023
Les Régionales Ecolo et Groen organisaient des ateliers consacrés au logement à la chapelle des Brigittines, magnifique endroit où, outre les spectacles de danse qui s’y donnent, j’ai le souvenir d’avoir fêté de manière extrêmement enjouée l’anniversaire d’un ancien flic.
Après l’intervention de Liesbet Temmerman sur le travail du Foyer laekenois, j’ai levé la main pour une question. « Je vais te discriminer, Isabelle », m’a dit Cloé. J’ai ri ! Immanquablement, j’aurais en effet parlé trop longtemps : priorité aux militant.e.s. mais Liesbet m’a quand même reposé une question : « Et la task force bureaux », Isabelle ? Le premier rapport de la task force bureaux envisageait la reconversion en logements de 35 immeubles de bureaux vides sur 341 identifiés. Les critères sont un tantinet restrictifs. Voilà, en substance. Mais on y revient en Commission demain.
Interventions vraiment très intéressantes sur d’autres sujets comme des initiatives de rénovation à Saint-Josse et Schaerbeek ou sur le logement intergénérationnel à Forest et à Uccle, qui nécessite l’individualisation des droits sociaux. Il n’est en effet pas légitime que des personnes âgées, par exemple, perdent des droits à accueillir des cohabitant.e.s, la cohabitation pouvant vraiment aider les deux parties.
Ce week end avait également lieu une occupation de l’espace public par les riverains du pont du Petit château afin de soutenir les sans papier laissés à la rue par l’Etat belge, en violation de la Convention de Genève.
Sinon, de nombreuses personnes s’interrogent, à raison, sur leur consommation d’alcool, ces temps-ci. A voir, à propos du lobbying des alcooliers :
et demain, je pose une question à Pascal Smet sur le caroussel des permis d’urbanisme pour le Belgian Beer World dans le Palais de la Bourse. Rien à voir avec le lobbying, Isabelle !