Lundi 7 novembre 2022
Lundi, nous essayâmes d’aller au Bureau Politique à Namur mais les astres étaient mal orientés : vols de câbles, travaux, retards, … « Ce réseau a besoin de réinvestissement», m’a dit sévèrement un membre bruxellois du GIEC abonné au trajet matutinal vers LLN. La difficulté c’est de le faire admettre à ceux qui ont désinvesti pendant 20 ans et qui croient encore à la «solution» de la « fluidité du trafic » (automobile). On est plus dans les années 60 : un million de véhicules en Belgique en 1960, 6 millions aujourd’hui. L’État a individualisé le transport comme les banques individualisent la gestion de vos comptes en banque.
La mobilité doit redevenir un enjeu collectif.
Le soir, embouteillages monstres dans l’est de Bruxelles que certains mauvais esprits attribuèrent prestement à Good Move. En réalité, une famille a été tragiquement tuée dans un accident de la route sur la E40 et sa fermeture a entraîné des réactions en chaîne sur tout le réseau, dont la surcharge est problématique.
Après une petite demi heure de discussion sur le quai de la gare, avec Kalvin Soiresse nous jugeâmes plus à propos de descendre au PRB. Ingrid Parmentier et moi-même avions une réunion (virtuelle) avec notre échevin ixellois à propos de projets d’aménagement d’espaces publics.
En Commission Développement territorial, nous examinâmes les propositions de résolution du MR, sauf une, celle consacrée au Meylemeersh, car une étude de la biodiversité est en cours. Nous discutâmes d’une proposition de Résolution qui propose le classement du club house du Brussels Yacht Club. Pas inintéressant sur le principe, mais l’article 222 du COBAT ne prévoit pas (encore) de demandes de classement émanant de parlementaires. Encore faudrait-il que nous soyons majoritairement compétents dans ce domaine, en plus. Si, après chaque cocktail, des parlementaires proposent de demander le classement du siège social de ses hôtes, bonjour la cohérence/pertinence de la politique patrimoniale. Je rigole, mais il y a une vraie réflexion à mener sur le lobbying. (Une Commission va le faire à propos des relations d’Uber avec le Gouvernement).
Discussion sur une autre proposition de Résolution du MR, fort construite mais un peu obscure dans ses intentions, sur la proposition de valoriser les espaces souterrains de tous ordres. Y compris pour de nouveaux parkings, évidemment. Il n’est pas impossible que des tunnels soient un jour transformés en champignonnières ou cressonnières (cela s’est fait à Londres) mais pour des locaux destinés aux espaces de vie, a fortiori scolaires, le RRU impose salubrement des normes d’éclairement naturel, ai-je précisé à la NVA, qui venait, comme souvent, au secours de son confrère du MR. Chauffer, éclairer, ventiler des locaux souterrains : plus vraiment d’actualité au vu du coût de l’énergie.
Mardi 8 novembre 2022
Petit déjeuner avec Elke Van den Brandt en vrai pour faire le point sur les dossiers en cours. Toute la semaine, la Team verte a répondu à des questions relatives à la mobilité bruxelloise. Et même wallonne.
Vous commencez à prendre l’habitude. Mardi : Commission Mobilité !
Ha, ben non : je me suis fait alpaguer dans le couloir par le collaborateur de John Pitseys qui cherchait un.e remplaçant.e pour la Commission Finances et Affaires intérieures, le chef de groupe ayant d’impérieuses obligations (je ne sais pas comment il survit, considérant le nombre de réunions qu’il se tape sur une semaine). Alors, cher.e.s lecteurs.trices c’est le moment de révéler la vérité parlementaire dans toute sa crudité : il y a une hiérarchie entre les Commissions ! Oui, certaines sont plus prestigieuses que d’autres. Les services nous l’ont dit, un jour que je créais un mini scandale afin d’aider le président de la Commission Environnement à disposer d’une salle plus grande (pour des auditions) que la salle habituellement dévolue à la Commission Environnement, à la Commission Mobilité, à la Commission Développement territoriale. Notre bien aimée 206, le cocon de la team verte, où nous passons ensemble nos lundi après midi, nos mardis et/ou mercredis matins.
La 201 est destinée aux Commission prestigieuses : Finances et Affaires intérieures, Affaires générales etc. Elle est conçue en hémicycle avec un espace un peu plus confortable pour le public qu’en 206 où les bancs de la majorité et de l’opposition sont face à face mais où il n’y a pas assez de place pour les collaborateurs.trices. Je trouve ça plus clair, du point de vue « liturgique » que seul.e.s les parlementaires, majorité et opposition, se fassent face, avec le ou la ministre en sandwich au milieu, mais chacun ses goûts.
Bref, j’ai passé la matinée dans la grande salle 201 à côté de mon collègue Hicham Talhi (en remplacement de notre Chef de groupe pour le vote) d’abord pour des questions sur les risques d’incendie de forêt à Pascal Smet, puis, non pas en attendant Godot, mais Bernard Clerfayt, qui était en Commission Cocof. Présidée par l’inénarrable Guy Vanhengel, cette Commission sentait le vestiaire : majoritairement masculine, avec quelques footeux et ça pétrolait (en huis clos) à l’adresse de Pascal Smet (qui s’éclipsait) sur le thème : « tu vas délivrer le permis pour le stade ? » (pour l’Union saint-gilloise sur le site du Bempt). J’ai fait remarquer qu’il fallait d’abord demander un permis. On est pas au Qatar, ici.
Mais cette formalité ne semble pas troubler les parieurs.
Si d’aventure, il jouissait d’un excès de moyens, ce qui n’est certainement pas le cas, le CRISP pourrait faire une étude lexicologique et recenser les formules éculées des parlements : « gouverner c’est prévoir », « il ne faut pas acheter un chat dans un sac », « mettons nous autour de la table pour prendre nos responsabilités » (Copyright Thomas Gunzig), etc etc. Justement, Ahmed Mousshin a fait remarquer que quand Bernard Clerfayt sortira son fameux Code du bien être animal, « il ne sera plus possible d’acheter un chat dans un sac ». Bien vu !
En sortant Guy nous a dit, à Ahmed et moi, qui sommes les doyens du groupe Ecolo : « bonne journée, la jeunesse ». Il est marrant.
Et puis je suis allée faire le point avec Simon dont c’étaient les tous derniers jours à m’appeler « patronne ». C’était marrant mais c’est fini. Certaines âmes sensibles craignent une fâcherie : pas du tout, je ne me suis jamais fâchée qu’avec trois personnes en 25 ans de vie professionnelle. Qui sont portées disparues. Or Simon ne va pas disparaître mais travailler sur la campagne des communales, pour aligner les astres.
Bon, et qui était (exceptionnellement) en Commission dans l’hémicycle ? La Commission Mobilité ! « Dans « hémicycle », il y a « cycle » ». (Juan Benjumea, Groen). Comme je suis sympa et vous flemmard.e.s je vous mets quand même le lien avec la Commission Mobilité.
Mercredi 9 novembre 2022
Plénière avancée du fait de l’Armistice.
J’avais une nouvelle urgence mobilité à gérer mais stupéfaction d’entendre à nouveau toute la droite plaider en coeur la subvention de l’accès à la propriété à l’occasion du vote du relèvement du seuil de l’abattement fiscal pour les primo acquéreurs, un trophée du VLD. J’ai télégraphié mon indignation à notre Chef de groupe qui a eu la bienveillance de relayer ce chiffre : contrairement à ce qu’on croit l’exode urbain ne rime pas forcément avec accès à la propriété, 56 % des ménages qui quittent Bruxelles restent locataires.
J’ai déjà relayé cet article :
A propos des impôts, Emmanuel de Bock, qui n’est pas indifférent par ailleurs au sort des locataires, déclare que si le fédéral payait son dû « Bruxelles deviendrait une Région sans impôt, à l’instar de Knokke-le-Zoute ! » Ce à quoi notre chef de groupe demanda si monsieur De Bock voulait « imposer le port du pantalon framboise écrasée à Bruxelles ? »
Réunion de groupe
Elle était prévue en zoom, elle a été improvisée en hybride parce qu’on était (presque) tous.tes là à cause de la plénière. Nous avons débriefé le vote de la Commission Intérieure sur l’Ordonnance Neutralité déposée par le MR (comprendre sa volonté, non exhaussée par la majorité, d’interdire le port du foulard dans l’administration). Le débat a été plus serein qu’espéré, les esprits mûrissent (peut-être). Voir la configuration de la 201 ici. Comme il y a plus de place, les collaborateurs assistent au plus près les député.e.s. et c’est amusant à voir.
Jeudi 10 novembre 2022
Simon et moi avons accueilli Lucie qui va désormais travailler avec moi à mi temps sur les Commissions développement territorial et Mobilité. Lucie a fait des études en Urban studies et un stage au PRB sur l’usage de l’expertise par les député.e.s.. Elle connaît donc la maison. Nous lui avons fait visiter les fabuleux locaux d’Ecolo et expliqué les premiers dossiers à prendre en charge. Bienvenue Lucie !
A midi, je suis allée aux obsèques d’Irène Kaufer au crématorium d’Uccle. C’était une cérémonie plus gaie que triste et c’était très bien comme ça.
Et puis je suis revenue au bureau pour une réunion sur le site du Meylemeersh, justement.
Et puis j’avais une réunion sur le renforcement des transports publics de surface dans le nord ouest de Bruxelles. Pendant cette réunion nous apprenons que la cycliste qui a été tuée dans un accident avec un tram boulevard de la Cambre est une collaboratrice de Pro Velo qui a travaillé pour les échevins Ecolo-Groen d’Anderlecht. C’est terrible. La communauté cycliste est à nouveau en deuil. Les carrefours dangereux vont être réaménagés en priorité, la vitesse est réduite à 30 km/h presque partout mais la route reste plus dangereuse pour cyclistes et piétons.
Le lundi 24 octobre, alors que je rentrais du PRB vers 19h00, de nuit et sous une très violente averse, j’ai failli me faire renverser par une ambulance qui traversait à grande vitesse le carrefour Sainctelette. J’avais une chasuble fluo, mon vélo est bien éclairé. Comme l’ambulance était cachée par la file de voitures à l’arrêt au feu rouge, je n’avais pas vu d’où elle venait. Mais si j’avais été au volant d’un camion, le conducteur m’aurait vue (et il aurait freiné). C’est la tragédie des usagers faibles.
Ça me préoccupe car il y a de nombreux jeunes à vélo, dont mes enfants. Ingrid interrogeait la ministre sur ce sujet le 25 octobre : « L’analyse (de Vias) révèle que « entre 2017 et 2021, en moyenne, plus de 2.250 enfants ont été victimes d’un accident de la route chaque année sur le chemin de l’école, soit treize par jour. (En Belgique). Près de quatre enfants sur dix impliqués dans un accident avec tués ou blessés le sont sur le chemin de l’école.» C’est un chiffre énorme et très inquiétant. » Réponse d’Elke Van den Brandt : « J’ajoute une importante précision : en 2020, Bruxelles Mobilité a publié une analyse révélant qu’entre 2017 et 2019, 220 enfants et adolescents avaient été victimes d’accidents sur le chemin de l’école en Région de Bruxelles-Capitale. Seuls 5 % de ces accidents s’étaient produits aux abords directs de l’école. Il est dès lors essentiel de sécuriser non seulement les abords, mais aussi l’ensemble de la ville, qui fait tout entière partie du chemin de l’école ». http://weblex.irisnet.be/…/biq/2022-23/00026/images.pdf
Jeudi, c’est un policier qui a été tué par un gars fiché par l’OCAM. Cette faille est terriblement consternante. Et toute la semaine, la Belgique s’est interrogée sur la pertinence d’autoriser ou non des rallyes automobiles qui tuent des gens. Il y a un point commun entre plusieurs très difficiles événements de cette semaine : la route est, hélas, meurtrière.
Voilà pourquoi, et je suis absolument désolée pour les gens qui ont du mal à l’admettre, mais l’apaisement des quartiers s’impose. Pour le climat et la qualité de l’air comme pour la sécurité routière.
Pour terminer pour une note plus positive, je suis restée à Bruxelles ce long week end ensoleillé et j’en ai profité pour préparer quelques questions dont une sur cette fantaisie qui a mené le bourgmestre d’Etterbeek à interdire des travaux de week end sur la ligne 1-5 du métro. Faudrait savoir : on est pour ou contre la valorisation des espaces souterrains, au MR ?
Et si vraiment vous voulez vous coucher avec une pensée positive :
Imagine a commandé une enquête d’opinion réalisée début octobre auprès de 2 000 Belges, dans les trois régions du pays, par l’Institut Dedicated avec le soutien de quatre organisations (la Coalition Climat, Canopea, Greenpeace et Energies communes).
• « Une large majorité des Belges (58%) sont prêts “à modifier en partie [leurs] habitudes de consommation et [leurs] modes de vie” et un sondé sur quatre (23%) est disposé à les changer “en profondeur” – un résultat plus marqué chez les moins de 34 ans (35%) et chez les femmes (25%).
• Concernant les dérèglements climatiques, 43% considèrent que “la planète se réchauffera de 2,5 à 4 degrés d’ici la fin du siècle, ce qui engagera des processus irréversibles pour le vivant sur Terre et contraindra les sociétés humaines à se réorganiser en profondeur”, mais 13% estiment que c’est “un phénomène naturel” et 11% “n’ont pas d’opinion”.
• Les trois quarts des personnes interviewées (72%) estiment que le lobbying des multinationales de l’énergie est à l’origine de la crise énergétique en cours et une majorité (53%) sont pour une taxation des surprofits de ces entreprises.
• Plus de sept Belges sur dix considèrent que l’Europe, et la Belgique en particulier, ont “manqué d’anticipation pour diversifier notre mix énergétique”.
• Ce sondage montre un soutien majoritaire des Belges (60%) au principe “d’interdiction de toute publicité pour les biens et services les plus nuisibles pour la planète”, avec des divergences entre Bruxellois (67%), Wallons (64%) et Flamands (54%).
• La suppression des avantages fiscaux liés aux voitures de société est acceptée dans les trois Régions du pays (58%). Les sondés estiment ce système est très coûteux, budgétairement et écologiquement.
• L’interdiction des vols intra-européens “là où il y a des alternatives train/bus” recueille une adhésion d’un citoyen belge sur deux avec des divergences entre Wallons (56%), Flamands (42%) et Bruxellois (61%).
• Pour sept Belges sur dix, toutes classes d’âge et sociales confondues, une série d’actions spécifiques (accompagnement, prêts, primes, fiscalité) doivent être amplifiées en vue de rénover massivement le parc de logements qui figure parmi les plus énergivores d’Europe.
• La suppression, d’ici 2030, “de la production et la vente de viande issue d’élevages industriels” est soutenue par une majorité de Bruxellois (54%) et de Wallons (52%), mais rejetée par les deux tiers des Flamands.
• Enfin, sur le plan économique, ce sondage met en lumière le soutien majoritaire de la population (59%) à des mesures fiscales destinées à orienter les aides d’Etat vers une économie dont l’impact est positif pour l’environnement. »
Bonne nuit hein !