Semaine du cordon sanitaire.
A force de tirer sur l’élastique il se casse
Lundi 25 avril 2022
Jour de dépôt de questions parlementaires sans Bureau politique : possibilité de relire et d’ajuster les questions. Bilan cette semaine : 4 dépôts. Sur « Le contrôle de la bonne gouvernance au sein de Beliris », « Les transformations du site du Cinquantenaire à l’occasion des festivités relatives au Bicentenaire de la Belgique », « La suspension par le Conseil d’Etat du permis d’urbanisme du projet Brouck’R » et « l’avis négatif de la CRMS concernant le projet de Métro Nord ».
En Commission Développement Territorial, les services du Parlement et les facilitateurs du processus sont venus expliquer aux député.e.s les modalités d’organisation de la Commission délibérative. Suscitée par une pétition de Sauvons la friche Josaphat, le thème a été élargi par le Bureau du Parlement : « La biodiversité en ville compte tenu des différentes fonctions d’une ville ». La question concerne ainsi l’ensemble du territoire régional. Comment, ai-je demandé, allez-vous justifier auprès des pétitionnaires de l’évolution de la question qui, d’appuyée sur un objectif spécifique (la préservation de la friche Josaphat) est devenue une question générique ? Une collègue s’est insurgée : elle en jouera pas le jeu d’un débat qui instrumentaliserait des dossiers qui font l’objet de procédures urbanistiques en cours et dont on a déjà amplement parlé. Il serait naïf, d’après moi, de croire que ni les citoyen.ne.s ni les médias ne se souviendront de la friche Josaphat au moment d’une discussion sur la biodiversité. C’est justement peut-être parce que le débat urbanistique s’est cogné à une forme d’aporie dans ce dossier que le recours à la démocratie directe est sollicité, me semble-t-il. Vrai au faux dilemme, le regard frais des citoyen.ne.s nous permettra peut-être d’aborder les choses avec davantage de distance que dans le cadre de le particratie où chacun est lié par des contraintes, internes et externes, plus ou moins en phase avec les enjeux.
Les facilitateurs ont attiré notre attention sur l’objectif de « combler le fossé entre politiques et citoyens en établissant le dialogue », de « dépasser la mise en scène du conflit » qui est propre à notre arène par l’ouverture et le respect, la nécessité de confronter les arguments en présence de manière étayée afin de concourir à la construction d‘un consensus, etc. Et l’importance d’un suivi qui doit avoir de l’impact.
Pendant ce temps là, en Commission Finances, d’autres collègues discutaient de l’étude commandée par la Région à la VUB sur la Belgique à 4 Régions. Notre chef de groupe John Pitseys a commenté malicieusement « Comme mes collègues l’ont résumé, cette étude relève des déficits proportionnels et des déficits spécifiques considérables, auxquels s’ajouteraient des déficits supplémentaires en matière de pertes d’économies d’échelle, dans l’hypothèse où ces compétences seraient régionalisées. On parle d’au moins 3,5 milliards d’euros de déficits supplémentaires. Même après des mesures fiscales compensatrices, le déficit serait encore de 2,3 milliards d’euros. Si je voulais être taquin, je dirais que c’est un chiffre évocateur pour les commissaires qui siègent en Commission du développement territorial. » John fait allusion au budget global du métro Nord. Le déficit n’est en effet pas une fatalité mais résulte en partie de choix politiques.
Le soir, après une petite discussion à distance sur les déboires internes d’EELV, et un trajet sous une pluie bien glacée, j’ai rencontré avec Simon Rasquin des représentants de sauvons la Friche Josaphat afin de faire le point sur le dossier : l’avis de la CRD, le contexte de la Commission délibérative et la proposition de Résolution de Victoria Austraet relative au rejet de l’artificialisation des zones à haute valeur biologique qui va être discutée en Commission. Non, on ne sait pas encore quand. En Développement territorial, pas en Environnement.
Mardi 26 avril 2022
En Commission Mobilité toujours éclairant d’entendre que ceux qui, dans l’oppositrion, plaident pour les parkings de dissuasion sont aussi parfois ceux qui rejettent la politique de stationnement qui permettrait de remplir lesdits parkings de dissuasion.
Le 30 juin 2020, je rappelais dans une question que différents critères s’imposent pour que les parkings de dissuasion soient dissuasifs : le gain d’argent et de temps pour l’usager, la sécurité du véhicule en stationnement, la promotion ciblée, la situation en amont des zones de congestion ou encore un intervalle de service de transport public inférieur à quinze minutes. Plus le confort et la fréquence sont importants, plus le dispositif est potentiellement attractif.
Rue Belliard, le test de mobilité a été reporté car la Ville craint le trop grand nombre de chantiers.
Mercredi 27 avril 2022
Nous avons eu avec nos ministres une réunion sur le contenu du séminaire gouvernemental. En particulier, dans le cadre du Plan Air Climat Energie, la RBC s’engage à réduire ses émissions de GES de 47 %. Ce n’est pas rien. Il va falloir modérer les travaux inutiles.
Réunion team verte et échanges avec nos collègues de Groen
Le soir, je suis allée écouter le sociologue Didier Eribon à Bozar. Au lendemain du second tour des présidentielles françaises, qui voit, à nouveau, Le Pen à la porte de l’Elysée (avec 13 millions de voix), son analyse de l’essor de l’extrême droite parmi les classes populaires, dès 2009, dans son livre « Retour à Reims », prend une signification particulière. De l’importance de s’intéresser aux récepteurs plutôt qu’aux émetteurs et aux messages. Le cordon sanitaire est un moyen efficace de marginaliser les émetteurs clairement identifiés comme d’extrême droite mais lutter contre les populistes qui courent derrière l’extrême droite, c’est plus compliqué. Les réactions aux déclarations de Conner Rousseau à propos de ma commune le montrent. Le problème n’est pas tant qu’il stigmatise une population entière par amalgame (on a l’habitude) mais qu’il gagne des points à le faire. Eribon considère que les socialistes sont des « traîtres », ni plus, ni moins. En France, naturellement.
Jeudi 28 avril 2022
Réunion de groupe
Retour sur la rencontre entre Cabinets et partenaires sociaux.
A propos d’un tout autre sujet, j’ai déjà remarqué que plus on prenait de temps à discuter d‘un agenda serré, moins il y avait de chances que celui-ci soit réaliste.
Bureau politique régional
La Régionale m’a demandé de présenter l’état des lieux du projet de métro nord. Il faut rappeler que les travaux en cours ne concernent que le premier tronçon de ce projet (la métroïfication du pré métro) et que le deuxième tronçon (Gare du nord – Bordet) ne dispose pas encore d’un permis. L’avis de la commune de Schaerbeek est circonstancié. C’est elle qui prend le plus de risques dans cette affaire puisqu’elle aurait les tripes à l’air pendant 6 à 10 ans.
Et puis j’ai assisté à la présentation du Manifeste des Bruxellois internationaux qui plaide entre autres pour « faire de l’anglais une langue officielle dans les administrations bruxelloises » et autres demandes dont certaines sont spécifiques (le droit de vote aux élections régionales) et d‘autres, en matière de simplification administrative, de mobilité, de logements, d’espaces publics, de propreté, … concernent tous les Bruxellois.e.s. Parmi ces propositions, certaines sont déjà acquises ou en bonne voix. Pour d’autres, la Région dispose, disons, d’une marge de progression.
L’élargissement du droit de vote à tous les résidents est une revendication déjà ancienne d’Ecolo. J’ai signalé la possibilité d’acquisition de la nationalité belge pour ceux qui seraient peu patients… Bénéficier de droits et devoirs constituent la base de la citoyenneté. Je note par ailleurs, au chapitre de la sécurité qu’ils souhaitent voir « restructurer le système de police » afin e. a de « combattre les discriminations et le racisme au sein des forces de police ». Ils ne veulent pas se faire taper dessus, les Bruxellois.e.s non plus. Beaucoup de ces propositions sont intéressantes et présentent le mérite de signaler une envie d’implication. Rien de tel, pour sortir de la bulle européenne, que de contribuer par l’impôt, a déclaré un des participants. Certes, mais c’est complexe, a répondu Pascal Smet. Pourtant ils ne revendiquent pas « un traitement spécial », a dit plus généralement une intervenante.
Réunion de lancement de la Commission délibérative
Les parlementaires concernés ont rencontré les 45 citoyen.ne.s qui ont répondu positivement, au terme de deux tirages au sort, à la proposition de participer à une commission mixte sur la place de la biodiversité en ville. Une belle aventure commence. De petits exercices brise glace ont permis de rechercher des points communs entre nous.
Après cela Tristan et moi sommes montés à la Green house à vélo pour assister aux derniers feux d’un drink Ecolo-Groen de retour en présentiel. Très agréable fin de soirée
Vendredi 29 avril 2022
Exceptionnellement pas de plénière, nous avons donc pu vaquer chacun à nos affaires entre les revues de presse, les mails, les trucs en retard, les questions à venir, nos dossiers de long terme. On aurait dit une journée de confinement, avec même une réunion en zoom !
Samedi 30 avril 2022
De 9h00 à 17h00 phase informative de la Commission délibérative avec des exposés d’expert.e.s puis des entretiens en petits groupes avec ces mêmes expert.e.s. Nous étions 3 parlementaires dans mon groupe. Nous avons entendu Grégory Mahy (spécialiste des écosystèmes), Tom Sanders (perspective.brussels), Ben Van der Wijden (Bruxelles Environnement), Amandine Tiberghien (Natagora), Laurent Schiltz (Confédération Construction), Myriam Dumortier (INBO), Werner van Mieghem (RBDH), Pierre-Alain Franck (UPSI) et Steyn Van Assche (BRAL).
Et puis on apprend que le permis pour le projet de l’ambassade de Chine est refusé. Cela signifie qu’elle devra revoir sa copie, en particulier sous l’angle des gabarits.
Dimanche 1er mai 2022
Discussions avec collègues, militant.e.s, passant.e.s, curieu.ses.x, devant le stand d’Ecolo-Groen sur le site de l’Albertine au Mont des Arts, la place Rouppe étant inaccessible du fait des petits travaux du métro. L’occasion pour les partis progressistes de remobiliser autour des enjeux liés à l’amélioration des conditions de vie et de travail d’autant que l’élastique est déjà très tendu.
Moi aussi j’ai reçu ma facture de régularisation gaz élec et ça fait peur.