Sentiments paradoxaux après cette édition spéciale Covid de Vert Pop, la ci-devant université d’été d’Ecolo organisée par Etopia.
* Il ne faut pas se mentir, c’était triste de voir le parvis de la Cité miroir vide, de ne pas être tous ensemble, de ne pas croiser comme les années précédentes des centaines de militant.e.s, sympathisant.e.s, mandataires wallon.n.e.s et bruxellois.e.s, compagnon.nes de route, des ex et des futur.e.s et même cette espèce très singulière des ex-futur.e.s, et des intervenant.e.s de tous poils. Triste de n’avoir ni bar ni repas en commun ni fête ni musique ni Dj ni danse ni speed dating ni de les traditions ça a du bon. D’être une poignée d’irréductibles dans une salle de 200 places et encore moins nombreux, assis, masqués, en quinconce, à distance physique incongrue, dans d’autres salles, un peu partout, dans Liège.
* Fièr.e.s que face à cette cruelle et aveugle contingence et dans l’incertitude la plus totale, Etopia ait assumé magistralement jusqu’au bout une alternative décentralisée : des dizaines d’événements dans 25 sites différents, partout à Bruxelles et en Wallonie. Ce nouveau concept « Vert pop partout » est génial car il va chercher le public là où il se trouve et permet d’éclairer acteurs, enjeux, initiatives local.e.s. De nombreux militants et mandataires ont relevé le défi. Chapeau à l’équipe d’Etopia et en particulier à
Pascale Ambühl qui a orchestré tout ça avec un calme olympien. Cette opération de décentralisation amènera probablement de nouveaux publics vers l’écologie politique. Dans ce cadre, j’ai présenté vendredi une visite débat de 3 heures autour des enjeux urbains de la Porte de Ninove avec le support technique de Sven Ore d’Etopia qui a animé, enregistré et monté tout le bazar. Et pour me faire filer droit il faut beaucoup de tact.

Tristan Roberti a animé une balade autour du viaduc Herrmann Debroux et Ingrid Parmentier une visite à Uccle.
* un énorme effort pour rendre des heures et des heures de discussion accessibles en radio avec des radio partenaires, sur radio Etopia et sur les réseaux sociaux. Et j’espère aussi des textes, à terme. De quoi semer à tous vents, dans le temps et dans l’espace.
Mon programme perso, orienté Urbanisme par exotisme.
A Liège, tout est pareil et tout est différent : l’échelle, le contexte, les réflexions, les alliances hétérogènes, les constats et les recettes… Un enjeu mobilisateur pour ce mandat : travailler sur nos expériences réciproques, sur les transversalités, sur les concurrences fiscales, sur la périurbanisation, sur la manière d’accélérer la contagion culturelle des manières alternatives de vivre la ville face aux enjeux d’une société décarbonée..
Caroline Saal nous a expliqué que Liège avait 50 ans de retard en matière de mobilité. C’est vrai que des parkings et des voies rapides le long d’un fleuve si majestueux, ça en jette !.

on dirait Paris en 1980. ça me fait tout drôle que Bruxelles apparaisse soudain comme un modèle (après les 50 mêmes années d’inertie) : 40 km de pistes cyclable, des rues résidentielles, des rues réservées aux jeux, des espaces verts sanctuarirés : merci Elke Van den Brandt, Alain Maron, et les échevins Ecolo Groen pour leur mobilisation phénoménale face à la Covid crisis.
En matière de patrimoine, par contre, je me suis demandée, grâce à la visite de Quentin le Bussy, si la Wallonie n’avait pas une longueur d’avance (intuition à vérifier). A Bruxelles en effet, jusqu’en 1989 il fallait l’accord de 2 ministres, un francophone et un néerlandophone, pour procéder à la moindre décision de classement. Ça vous rappelle quelque chose ? : c’est l’œdème proposé par la NVA. Pardon : le modèle. (Je garde ce lapsus linguae si révélateur). Paralysie garantie.
Pour ce qui est du logement, mêmes interrogations : que garder, que démolir ? Ça se joue souvent à la superficie projetée davantage qu’à l’intérêt historique ou au bilan carbone et la mixité est le mantra devenu. Accent intéressant sur les surélévations, 0 impact foncier.
Pour ce qui est des tendances idem : retour global mais fort turn over, réduction de la taille des ménages, périurbanisation, vampirisation commerciale des accès, base fiscale incertaine, etc
Bref, j’espère que ce sera la première et la dernière édition du genre, que ce foutu virus va nous ficher la paix et que les éditions suivantes pérenniseront les avantages des différentes formules expérimentées :
* du décentralisé sans rupture de collectif
* Du local et du grand format
* de l’entre soi et de l’ouverture sur l’altérité
* du résidentiel !!!
Et vous savez quoi ? Cette année, Francorchamp avait lieu sans public, mais pas Vert pop.! C’est pas beau ça ? Si ce n’est pas une revanche, je ne sais pas ce que c’est. Si ce n’est pas une mesure basculante, je ne sais pas ce que c’est. Si ce n’est pas un jour nouveau qui se lève…


Alors, oui, c’est très très dur aussi pour l’économie qui vit de la mauvaise graisse mais tout peut se réinventer. C’était d’ailleurs la conclusion de Quentin : le renouvellement de la ville sur elle même, c’est le mouvement shumpeterien de la destruction créatrice : les innovations comme les crises produisent de nouvelles activités susceptibles de se substituer partiellement aux activités obsolètes.
Et comment ça se passe, avec la société civile, en Wallonie? Heuhhh, les groupes historiques ont parfois vieilli sans se renouveler. Par ailleurs, on ne peut pas se balader à Liège sans entendre parler favorablement d’Urbagora. Qui n’a pas obtenu les moyens de son redéploiement et je le regrette, vu la qualité de son travail. Pour avoir été pendant 20 ans, sollicitée par les tous les partis (sauf un qui n’avait aucun besoin de se remettre en question) quand ils étaient dans l’opposition, je ne peux que souhaiter la reformulation d’alliances objectives et totalement respectueuses de l’autonomie critique mais il y a encore du boulot.
Sinon on a vécu en bulle, conformément aux consignes. Ce qui arrive à Vert pop reste à Vert pop.

Moi je dis : ces co-présidents qui ont fait les malins à Vert pop l’an dernier et qui ont été élus le 15 septembre 2019 en nous promettant la fête ont encore beaucoup à prouver pour convaincre. Et jouer du Vivaldi ne va pas suffire.

Rendez-vous aux Rencontres de l’écologie politique, en octobre à Tour et Taxis cette fois. Et pour les 41 ans d’Ecolo, à Huy, en avril si tout va bien.