Semaine des arguments à géométrie variable
La semaine dernière, nous avons donc appris par la presse qu’une officine suisse de renseignement privée, Alp services, avait signalé toustes les mandataires Ecolos belges (et non plus les seul.e.s usual suspects) comme sympathisants de la confrérie des Frères musulmans pour le compte des Emirats arabes unis.
Vendre un ramassis de calomnies réchauffées, faut oser. Peut-être parce que certain.e.s, à Ecolo, prônent la liberté pour les femmes de porter le voile : une atteinte insupportable au patriarcat qui entend depuis toujours et en tout lieu édicter la police des corps féminins.
Préoccupant de constater la capacité de nuisances en Europe de ce genre d’acteurs qui se flatte de vendre des campagnes de dénigrement dans les médias (en commençant par ceux qui influencent la droite de la droite) et de modifier des pages Wikipedia. Si même aux Suisses on ne peut plus se fier 

Plus que jamais soutenir la déontologie de la presse.
Pour ce qui concerne les droits des femmes, non seulement il faut être capables d’assumer pourquoi la liberté devrait être la règle mais aussi de l’expliquer et de convaincre. Il y a encore du chemin à parcourir, visiblement.
A lire sur les manipulations de l’opinion : Les ingénieurs du chaos, de l’auteur du Mage du Kremlin, est paru en poche.
Allez, j’ai une petite anecdote urbanistique sur les EAU.
Vers 2015, quand les EAU ont demandé un permis pour l’installation de leur ambassade dans la Maison Delune, vestige de l’expo de 1910 sur le site du Solbosh, le demandeur a envoyé préalablement à la réunion de la Commission de concertation un émissaire bien connu des milieux de l’urbanisme bruxellois expliquer à la société civile que le projet consistait avant tout d’une action de valorisation du patrimoine (l’immeuble était à l’abandon depuis quelque temps). On ne sait jamais, des fois que nous aurions eu des préjugés. Grâce à cette démarche nous avons pu faire part de nos préoccupations en amont : restauration dans les règles de l’art, perspectives d’ouverture au public, pas de hauts murs ni de barbelés, abattages limités d’arbres à hautes tiges, parking réduit, etc. Quand j’ai demandé à l’émissaire, à propos de l’immeuble voisin construit rue des Phalènes, si c’était du logement ou des bureaux (les bureaux étant proscrits dans cette zone, dans mon souvenir). Il m’a répondu en riant : « c’est pour les barbouzes : ils vivront et travailleront dans leur logement ! ». Puis j’ai vu que cet immeuble était présenté comme le Consulat des EAU. Ce sont donc officiellement des bureaux qui bénéficient de la dérogation à l’interdiction du tertiaire en zone de logement au titre des ambassades et représentations diplomatiques, comme il y en a beaucoup dans ce quartier. Mais des barbouzes dorment peut-être rue des Phalènes, conformément à la zone d’affectation du PRAS. Avec un couteau suisse sous l’oreiller ?
Lundi 10 juillet 2023
Bureau politique à Namur
Analyse des sondages et du paysage politique et discussion
Pour discuter journellement avec des primo votants je suis bien placée pour savoir qu’ils sont pour l’accélération des politiques sociales et environnementales et certainement pas en faveur de l’immobilisme.
Topo sur la Loi sur la Restauration de la nature qui a été adoptée entre temps au Parlement européen mais que les immobilistes ont tout fait pour dénaturer. Pourquoi ne parle-t-on jamais du fait que les agriculteurs sont les premiers à se faire empoisonner par les pesticides ?
Après 4 week end de négociation au kern*, on attendait une réforme fiscale et on a reçu une réforme des pensions, notamment à la marge de celle des fonctionnaires (plafonnement de la péréquation qui pouvait aller au-delà de l’index, pour les droits futurs, à la moyenne de ces 10 dernières années : 0,3 %).
Les avancées sociales pour le plus grand nombre résident dans le relèvement des pensions les plus basses à 1.500 euros, l’extension significative des périodes assimilées pour toustes qui bénéficiera avant tout aux femmes et aux personnes qui suspendent leur carrière professionnelle pour s’occuper des autres, et une meilleure reconnaissance des droits des artistes.
C’est, si on réfléchit à situation inchangée, l’augmentation du taux d’emploi qui permettra de financer les pensions à l’avenir et donc, de notre point de vue, l’ouverture à la régularisation par l’emploi plutôt que de laisser des dizaines de milliers de personnes travailler en noir vivre dans l’illégalité sans ouvrir de droits.
Pour la réforme fiscale, levier décisif de justice sociale, de la transition du marché de l’emploi et de la décarbonation, on attend que le pigeon ait fini de chier sur l’échiquier. De Croo délimite l’échiquier au 21 juillet, GLB au 31 décembre. #lafamilleliberale
Commission développement territorial
Vendredi, vers 15h00, Kalvin m’a demandé dans l’escalier de préparer l’intervention du groupe sur le Plan d’action Décolonisation pour ce lundi. Heureusement, Lucie était là vendredi après-midi et a pu mettre en place l’analyse sur laquelle j’ai travaillé samedi. Plus facile sur ces 18 pages du Plan d’action que sur les 250 du Plan Décolonisation initial que vous trouverez ici : https://cloud.urban.brussels/s/b624cNZqZy6XXNr
Ce fut donc la première rencontre de la Commission avec la remplaçante de Pascal Smet, l’ex échevine de l’urbanisme de la Ville Ans Persoons. Elle s’en ai bien tirée, majoritairement en français, et malgré le fait que les député.e.s profitent toujours des auditions pour parler d’autres sujets (ici le rôle de la famille royale, débat qui a lieu au fédéral, l’enseignement de la colonisation dans les manuels scolaires, qui relève de la FWB, etc.). J’ai dû rappeler que la colonisation était un dispositif d’exploitation systémique dont la justification fallacieuse est enracinée depuis plusieurs générations. Et que quand le Roi des Pays Bas prononce des excuses y compris au nom de sa famille, ce qui est digne et courageux, il le fait d’abord au nom de l’Etat qu’il représente.
En Région l’enjeu ce sont les outils, moyens et méthodes de la décolonisation de l’espace public et, à long terme, des esprits, entre autres par ce processus. A part à la NVA où tout ce qui est fédéral – à commencer par la monarchie – est mauvais, les esprits se sont assagi car le Plan ne recommande pas la suppression ou le déplacement systématique des symboles coloniaux, mais plutôt une analyse argumentée au cas par cas. La RBC lance des appels à projets autour de la contextualisation et d’interventions artistiques comme celui-ci à propos du plâtre de la statue équestre de Léopold II exposée dans le nartex des Musées royaux d’art et d’histoire :
Il est important, maintenant que ce Plan d’action est sur la table que les actions aillent plus vite, plus cohérent et plus fort, et que ces actions soient bien concertées avec les parties prenantes afin d’assurer respect et adhésion. J’ai donc demandé quel sera la définition du projet dans la Lever House et à quelle échéance, et si il y avait un retour d’expérience de l’Africa Museum de Tervueren puisqu’il vient de décider de revoir la salle des représentations coloniales qui étaient regroupées à l’entrée dans la nouvelle scénographie et pas forcément comprises comme telles (considérant que la Région envisage un tel dépôt public)
Kalvin a soulevé la question de la date proposée pour les commémorations et des droits d’auteurs dus aux artistes qui ont fait des propositions éventuellement reprises par les pouvoirs publics…
Encore une fois la cohabitation entre histoire et mémoire doit être manipulée avec délicatesse car certain.e.s de nos concitoyen.ne.s ont particulièrement souffert des actes de la colonisation là où d’autres sont dans le déni. J’ai donc demandé également que les actions de formation soient étendues au-delà des fonctionnaires. Par exemple à travers les actions de Visit Brussels qui gère l’image de Bruxelles et celles des associations de visites guidées. Quand je travaillais dans ce secteur certains guides refusaient de suivre les visites de Mémoire coloniale pour se former. Et de remettre en question la vision édulcorée et apologétique de notre bon grand « roi bâtisseur » dont mes propres enfants ont été abreuvés à l’école primaire. Si les instits ne comprenaient pas nos remarques à ce sujet, à l’époque, c’est possiblement parce qu’il n’y avait pas de débat public sur ces questions. Il aurait été passablement condescendant de leur conseiller la lecture du pavé de Van Reybrouck, on ne pouvait donc qu’émettre des réserves polies.
Bref, les Belges d’aujourd’hui ne sont pas responsables individuellement des injustices d’hier. C’est l’Etat dans toutes ses composantes qui doit se remettre en question, le souverain en tête, et pour que l’opinion publique y participe elle doit être informée. La décolonisation de l’espace public est un des outils. D’autant que le livre n’est plus le média. Il faut donc trouver d’autres moyens de médier les savoirs mais le faire de manière construite. Pas par des effets d’annonce.
Mardi 11 juillet 2023
Ecolo sort du bois sur les matières vertes :
Waouh !
C’était la Fête de la Communauté flamande. Aussi, cette année notre parlement a-t-il anticipé et annulé à l’avance la Commission Mobilité. Pendant ce temps là, l’extrême droite s’adressait à la NVA : « Allons ensemble vers ce rêve commun : une Flandre libre et indépendante ! »
Libre de quoi ?
C’est de l’implicite à géométrie variable.
En fin de matinée, Zoé m’avait fait l’honneur et l’avantage de m’inviter à une rencontre avec la Plateforme Logement venue présenter son Plaidoyer pour une baisse des loyers. En effet, plusieurs des actions relèvent de l’urbanisme (révision de la circulaire sur les charges d’urbanisme maintenant entre les mains d’Ans Persoons, mise en œuvre de la taxation des plus values immobilières entre celles du Ministre-président, répartition des logements sociaux dans les communes en déficit, entre les mains de la Régions et des communes concernées, révision du PRAS, etc.).
Je ne trouve pas le lien avec le plaidoyer mais ça se passe ici :
Moi j’aime quand on se souvient que l’aménagement du territoire sert à planifier et à territorialiser les politiques de justice sociale. Parce que sinon le privé construit cher et vilain, comme à Tour et taxis, comme à Biestebroeck, ça ne va nin.
Et on a reçu le Memorandum du RBDH
A midi, j’ai dû les quitter pour pédaler jusqu’au Cabinet de Elke Van den Brandt.
Toujours hyper réactif, il avait proposé une réunion interne de nos différents pôles afin de débriefer la méthode des réunions publiques d’information sur Good Move des suites des agressions verbales subies par les fonctionnaires de Bruxelles Mobilité, les animateurs des ASBL professionnelles de la participation et nos mandataires et militant.e.s à Schaerbeek et à Molenbeek (la réunion sur l’aménagement de la rue Picard à laquelle j’ai eu le plaisir de participer). Seuls les mécontents et les échevins qui promettent tout et son contraire trouvent écho. Période suspecte, comme m’a dit un fonctionnaire de BM rue Picard. Je trouve inadmissible que les usagers actifs soient silencés par la violence et la complaisance à son égard. Mais j’estime qu’il faut continuer à expliquer plutôt que d’appeler la police.
Si les gens savaient ce que la pollution de l’air fait aux poumons de leurs enfants ils réagiraient autrement. C’est comme ça que pour ma part que j’ai commencé ce combat : quand la pédiatre de mes enfants a poussé un coup de gueule contre l’inaction des pouvoirs publics alors que je venais avec un bébé pour ce qui était, pour elle , la énième bronchiolite de la semaine. En 2009, l’ARAU a publié un tout petit communiqué de presse qui a suscité de très nombreuses sympathies et j’ai compris qu’il y avait une opinion publique en faveur de la réduction de la place de la voiture en ville.
Mercredi 12 juillet 2023
Nouvelles discussions sur les parkings de dissuasion
Le MR oublie systématiquement qu’il y a moyen de se déplacer autrement qu’en voiture. Et que la SNCB met à disposition 80.000 places de parking dans le pays.
En intra bruxellois, franchement on a autre chose à faire avec le peu de foncier et de moyens dont nous disposons.
Le plaisir d’être effectif dans 3 Commissions c’est que ça peut peut occuper 3 demi journées au parlement. En début de législature, je pensais que je passerai ma vie sur le terrain et avec la société civile à me former et débattre dans des colloques, comme avant, et Tristan m’a dit : « Regarde ton agenda ». Discussion sur l’ordre des travaux de la Commission Environnement, qui n‘arrive plus à traiter des textes de l’opposition et des questions parlementaires et cherchent d’autres créneaux. 4 demi journées ! C’est admirable cette passion pour l’environnement et la mobilité. Malheureusement pas au rendez-vous en aménagement du territoire.
On devait rencontre Airbnb qui n’a pas confirmé. Ils préfèrent sans doute aller voir la droite. Le Ministre-Président prépare une Ordonnance. Je n’ai pas d’avis préconçu sur la question et ce n’est pas moi qui vais suivre ce dossier
Jeudi 13 juillet 2023
Réunion de groupe
Tour de piste habituel sur les dossiers en discussion au Gouvernement et au Parlement. J’avais porté un sujet territorial à l’ordre du jour : l’état des lieux sur le projet de métro Nord. Le deuxième tronçon est en état de mort clinique et le premier tronçon entre en comas artificiel.
Jusqu’au début, éventuel, des travaux.
Pratiquement, la mise en oeuvre de la décision prise par le Gouvernement début juin de suivre la proposition de la STIB annoncée le 10 février de détruire l’intérieur du Palais du Midi repose en effet sur au moins trois conditions implicites :
– le départ des commerçants.
La Ville, propriétaire du Palais du Midi, a argué au printemps que si on leur donnait un chèque ils partiraient et que ce serait réglé avant l’été.
Force est de constater que cette condition n’est pas remplie.
De plus, la résistance des commerçants rencontre beaucoup de soutien dans la société civile.
Ils feront une interpellation à la Ville le 4 septembre.
Cela complique singulièrement les visées de la STIB et conditionne le succès de la condition 2.
– la deuxième condition c’est le respect des procédures urbanistiques décrites dans le Projet d’Ordonnance Fast lane
Même si les délais sont réduits, ces procédures auront lieu et prendront du temps : préparation de la demande de PU (en cours, je suppose), Enquête publique de 30 jours, étude d’incidences de 6 mois, délais de délivrance du PU. Avant cela il faudra gérer la demande de classement que l’ARAU a déposée et qui montre probablement que la Ville reconnaît la valeur architecturale et socio-économique de son bien.
Dès lors qu’un PU serait délivré (fin 2024 ?) il est très probable qu’il sera querellé. Bref il n’y a pas d’urgence.
– troisièmement il faudrait que les budgets suivent. Or toutes les instances de contrôle émettent des réserves à cet égard.
Pendant ce temps là la crédibilité du projet de métro Nord continue à s’effriter. Sauf auprès de ceux qui croient qu’il ira un jour jusqu’en Flandre. Argument à géométrie variable.
Mais le plat de résistance de la réunion de groupe, dixit John (moi je trouvais que le métro était suffisamment significatif), fut la proposition de désignation de Kalvin Soiresse à la Présidence de la COCOF en remplacement de Magali Plovie. Rajae est donc venue argumenter la proposition du SF concertée avec les grands chefs à plumes. Débats et vote du groupe.
Ensuite, Tristan, Ingrid et moi sommes allés à la présentation en Commissions réunies Environnement-Développement territorial d’une présentation de FUP sur le thème « Ville et santé, synthèse des réflexions de cette ASBL après le Forum « Heatlhy cities, healthy citizens » qu’elle a organisé l’an dernier.
Ensuite une délégation du groupe Ecolo est allée grâce à l’intercession de Simon Rasquin à la rencontre de plusieurs des commerçants de l’avenue de Stalingrad. Les problèmes qu’ils rencontrent sont multiples et lancinants : poussière, bruit, vibrations, coupures impromptues d’eau et d’électricité, insécurité et vols, charges et précompte à honorer malgré des pertes vertigineuses de chiffre d’affaires, indemnisations dérisoires dans le cadre de l’ordonnance chantiers inadaptée à la durée de ces travaux, incertitudes, promesses et fake news, etc. J’ai été choquée d’entendre qu’ils ont appris comme nous par la presse en février les intentions de la STIB de démolir le Palais du Midi et n’ont reçu aucune information officielle entre février et fin juin ! Fin juin ils ont été convoqués par la Ville à une réunion d’information le 3 juillet et ont eu la présence d’esprit d’y aller collectivement.
Leur principal demande est un droit au retour. Comme le bourgmestre l’a déclaré irréaliste à cause de la durée des travaux on ne peut que s’engager à se battre pour l’obtenir.
Vendredi 14 juillet 2023
Après avoir beaucoup lu et entendu sur la plate forme de concertation aéroportuaire cette semaine nous avons pu lire dans la presse que Georges Gilkinet proposait l’interdiction des vols de nuit.
Ce serait merveilleux car il n’y a qu’une chose qui pourrait me pousser à déménager et c’est le bruit infernal des avions la nuit.
Voir le post didactique de notre courageux PDR avions, Tristan Roberti.
Exceptionnellement notre parlement n’organisait pas de plénière cette semaine : il en a planifié deux le 19 et le 20 juillet. J’ai préparé les montée sur les (nombreuses) demandes d’explication prévues en Développement territorial le lundi 17. Les services ont eu la bonté de m’avertir que j’avais simultanément une question en Affaires européennes pendant qu’un collaborateur d’Ecolo me demandait si je souhaitais venir en Finances pour discuter du Service de la Participation (ou transmettre les infos). N’en jetez plus !
Fin d’après-midi je suis partie pour le Conseil de fédération à Namur.
Le conseil de fédération a donc désigné Kalvin Soiresse comme président du Parlement de la COCOF. Ecolo porte ainsi le premier président d’assemblée noir. Mais Kalvin n’est pas qu’un symbole, naturellement, c’est un député de convictions. Pour fêter ça, le Bureau du Conseil de fédération nous a offert un délicieux couscous.
Le Conseil de fédération a également adopté le règlement des élections régionales, provinciales, fédérales et européennes et nous avons longuement discuté du renforcement des candidates. Un autre aspect me fait plaisir : veiller aux matières vertes. Pour un parti vert ça peut servir.
Et la troisième mi temps fut encore plus désopilante que le reste car ces épisodes de vote de groupe remuent chez les gens des souvenirs qui me concernent. Mais si les arguments sont inversés, le contexte n’a rien à voir.
Ce week end mon attention a été attirée par ce reportage de BX1 :
Voilà quelqu’un qui pose de bonnes questions ! L’espace public doit rester libre, désencombré et gratuit.
* Si vous avez lu ce pensum jusque là vous aurez peut-être envie de lire cette contribution à la compréhension d’une des curiosités de notre organisation politique :