Sécheresse, feux de forêts, asphyxie de New York
Destruction du barrage de Kherson
Ici, première vague de chaleur. 30 degrés à Bruxelles ce dimanche. 11 juin le plus chaud jamais enregistré.
Lundi 5 juin 2023
Bureau politique à Bruxelles
Où on reparle de notre ADN nucléaire (point sur les négociations avec Engie), de la Loi (européenne) de la restauration de la nature (celle que le Premier ministre voulait mettre sur pause le 22 mai, ignorant les interdépendances Climat/biodiversité), …
Bref : des fondamentaux.
Ce serait chouette de territorialiser ces enjeux, ai-je avancé. Justement Etopia organise un colloque « Quelles politiques pour des villes vivables ? », ça tombe bien.
L’urbanisation est perçue comme une menace. Mitterrand l’avait bien compris, qui puisait la force tranquille sur fond de clocher de village dans une France en pleine urbanisation. Par ailleurs, les gens savent que l’industrie agro alimentaire les empoisonnent, qu’il y a des pesticides dans leurs assiettes, qu’on mange beaucoup trop de viande, qu’il vaudrait mieux manger local et de saison, que l’étalement urbain c’est perdre sa vie dans les files, etc. mais les changements de comportements sont difficiles tant que les enjeux semblent éloignés.
Les échéances, elles, se rapprochent : nous devons réduire la dépendance au fossile. Et sauvegarder la nature partout – car nous en sommes une des composantes – y compris dans les villes afin de réduire les risques et que quand le système se détraque : feux de forêts, fleuves qui sortent de leur lit sans prévenir, tornades, tsunamis sur les centrales nucléaires, il est généralement trop tard pour anticiper. La technoscience ne protège en rien, saisissantes videos de New York irrespirable.
En Commission développement territorial, Pascal Smet nous a fait une drôle d’envolée sur la levée des contraintes patrimoniales concernant le changement des châssis classés pour du double vitrage dans les cités jardins Logis Floréal. Avez-vous vérifié la validité juridique de vos propositions ? a demandé un Tristan Roberti circonspect. Il faut en effet que les lignes de conduite cadrent avec le Plan de gestion. Le Secrétaire d’Etat rappelle par ailleurs qu’il importe de donner la priorité à l’isolation des toitures: c’est 30% des déperditions d’énergie. La moitié des toitures ne serait pas isolée. Les panneaux solaires pourraient être considérés comme réversibles. Urban va désigner un.e ingénieure et un.e certificateur. trice PEB pour faire une étude relative à l’isolation de l’enveloppe de ces biens classés. Le Secrétaire d’Etat vise le respect de l’aspect des biens classés. A concerter avec la CRMS en fonction du critère d’authenticité et du rapport coûts/bénéfices des interventions.
A ma question sur l’état des lieux du nouvel arrêté « Charges d’urbanisme », le Secrétaire d’Etat répond qu’il souhaite une approbation par le Gouvernement avant le 21 juillet et qu’il va voir quels documents d’évaluation peuvent être rendus publics.
A la question sur le destin du site du cinquantenaire, le Secrétaire d’Etat répond que le fédéral est tellement enthousiaste que presque tous les membres du gouvernement participaient à la conférence de presse. Concernant la couverture de la trémie, il ne s’agirait que d’un concours d’architecture. Les musées vont repenser leurs collections.
Coût global : 155 millions, financés par le fédéral et Beliris (c’est la même chose), Urban et Bruxelles Environnement sont dans le Comité d’accompagnement. D’aussi grandes manoeuvres avec aussi peu de transparence, je reste circonspecte. Surtout quand on sort l’expression « marketing urbain ». A suivre …
A l’occasion dune question d’Isabelle Emmery, on apprend qu’Urban n’a pas lancé d’appels à projets à destination des associations faute de moyens budgétaires. Cela concernait 43 projets en 2021 et 33 en 2022. Les économies, ce n’est que le début, glisse Pascal. (Evidemment le métro creuse la dette).
Mardi 6 juin 2023
Commission Mobilité
Discussion à huis clos sur l’ordre des travaux futurs. J’avais demandé l’audition d’AVANTI, la plateforme d’associations qui propose l’optimisation du réseau souterrain existant et à créer à Stalingrad avec des pré métros. Défi a demandé l’audition de la STIB. J’ai soutenu la demande d’audition des experts. Tout le monde était d’accord. « Drôle de dynamique de réunion », me dit Tristan, considérant que vendredi dernier, c’était porte close à des auditions supplémentaires sur le métro du côté de ses principaux promoteurs.
Discussion avec mes collègues Veronica et Soetkin sur base de la feuille de route que j’avais préparée pour le colloque du lendemain. Qui dit quoi et quand.
Loïc nous avait enfin organisé une belle réunion de framing (cadrage). En réalité une analyse de l’évolution des postures des petits camarades. Et de la nôtre en réponse. Mais si tout était rationnel et prévisible en politique ça ne s’appellerait plus de la politique mais de la technocratie. Ces réunions sont marrantes car on peut se lâcher.
Le soir nous allâmes dîner, Ingrid, les responsables d’Etopia et moi même à Horia avec Philippe Clergeau qui venait d’arriver, histoire de lui partager les clés du contexte bruxellois. Qu’il connaît en partie, en fait, car il a donné des formations à Bruxelles Environnement. Je ne sais pas comment c’est possible mais on a parlé Friche Josaphat et avenue du Port. Avenue du Port un projet de Pascal Smet de 2008 qui a égaillé la législature 2009-2014 et dont le PU a été annulé par la Chambre néerlandophone du conseil d’Etat suite au recours de la Communauté portuaire.
Comme quoi il n’y a pas que les habitants et associations qui sont « contre tout », surtout quand on leur explique mal. L’apport des platanes est limité du point de vue de la biodiversité, rappelle Ingrid. Mais pour parcourir les berges du canal à pieds ou à vélo l’ombre c’est mieux que le béton, je passe tous les jours. Bref une discussion entre experts, politique par moments.
Mercredi 7 juin 2023
C’était le grand jour, celui du colloque, vitrine des réflexions des députées qui travaillent sur l’aménagement du territoire à Ecolo-Groen.
Anecdote : quand, fin 2021, John Pitseys m’a dit « organise nous un colloque sur la ville », je me suis demandé sous quel angle. C’est large, comme thème et je ne voulais pas le faire sur les compétences Smet-Vervoort, sur les projets de PAD, qui occupaient toutes nos journées (trop ponctuel), sur la participation, le patrimoine, ou sur la réforme de l’urbanisme (trop technique)…
J’en parle à Benoît Moritz, un jour du mois de janvier où nous nous promenions à Namur. Nous étions là, debout sur un parking souterrain, au bord de ce rond-point routier sur le confluent de la Sambre et de la Meuse, nous demandant par où traverser ces infrastructures d’abord peu amènes et Moritz me raconte que Europan a comme thème « les villes vivantes ». Emballés par nos lectures de Joëlle Zask on s’est dit que c’était une bonne idée. Je suis tombée sur les livres de Philippe Clergeau et tout s’est enclenché progressivement (et laborieusement, il faut bien le dire, car nous avions très peu de temps à y consacrer entre parlementaires et que beaucoup d’orateurs.trices pressenti.e.s n’étaient pas disponibles). Merci à Swen Ore d’Etopia pour tout le boulot.
Après avoir trouvé notre thème de colloque, avec Moritz, on est allés se réchauffer et se cultiver un peu au Musée Félicien Rops. Là on a échangé nos arguments à voix basse (on s’engueule amicalement, autrement dit) à propos du projet de PAD Josaphat, Benoît étant consultant de la SAU sur les évolutions du schéma directeur. Sur Dames blanches, on était d’accord (construire 200 logements dont 120 sociaux et préserver l’autre moitié du terrain). Sur Josaphat, institué par le débat public laboratoire de la ville vivante, non. Même si je suis tout-à-fait d’accord qu’il faut une vision globale, y compris de la production de logements.
Voilà l’origine de cette idée. Je ne vais pas résumer les très riches interventions, vous pourrez bientôt les retrouver sur le site d’Etopia.
N’empêche que les bouquins publiés sous la direction de Clergeau sont de vrais manuels d’écologie urbaine contemporaine pour les villes. On y lit aussi entre les lignes que les élu.e.s sont généralement incompétent.e.s en matière d’urbanisme, et a fortiori d’environnement, superficiel.le.s et réducteurs ou démagogues, ce qui est un peu la même chose : « Végétalisez moi tout ça ». Je me demande où ces scientifiques vont chercher des idées pareilles !
Juste un mot pour dire que Paola Vigano a annoncé une autre présentation du Schéma stratégique pour le bassin versant de la Vesdre le vendredi 30 juin à 18h30 la salle omnisport de Dolhain. Si vous avez l’occasion d’y aller, c’est passionnant. Elle explique qu’il importe de tenir compte de se que veut la rivière et répartir autrement les activités sans lien avec la rivière car d’autres épisodes d’inondations peuvent avoir lieu. Benoît Moritz, quant à lui, a mené une étude sur la reconstruction sous l’angle architectural : pilotis, rez inondables, etc. qu’il a exposé lors du séminaire Etopia d’avril. Mais le scenario business as usual » reste tendanciellement dominant (entre autres parce que les assurances remboursent les immeubles tels qu’ils étaient conçus).
En sortant du colloque, je longe avec John la petite ceinture jusqu’à Quetelet, lui disant que ça ferait une belle rivière pour rafraîchir l’air. 100 mètres plus loin je tombe sur 2 Ecolos molenbeekois : Rajae Maouane et Emre Sumlu. Je marche avec Emre jusqu’à Rogier. Je prends le bus, je tombe sur une Ecolo jettoise. J’arrive chez moi, les enfants disent : « alors ça a été ton TFE? »
Jeudi 8 juin 2023
Réunion de groupe
Quand on fait toute une discussion sur les modalités de dépôt de textes en fin de législature. Discussion (succincte) sur le projet de PAD Max, la réforme du COBAT, ce foutu métro,…
Réunion de préparation de la Commission délibérative Bruit : examen des recommandations et des projets d’amendements dont certains amendements « surprise » du MR (tout ce qui peut favoriser les voitures est bon à prendre : par exemple il faut développer le métro pour réduire le bruit. Ben voyons. J’ai voté contre cet amendement mais il est passé)
Réunion team verte
Programme des Commissions à venir.
Vendredi 9 juin 2023
Forum Good Move organisé par Bruxelles Mobilité à Bruxelles Environnement.
J’ai déjà relayé le post d’Ingrid.
Salle comble. Présentation du baromètre de la Mobilité. En résumé : la marche devient le premier mode, la voiture recule, le vélo passe de 3 à 9 % de part modale. Les ménages précaires utilisent le plus les transports publics.
L’évaluation des mesures de mobilité est une obligation légale qui fait partie de Good Move. L’Observatoire de la Mobilité permet à chacun de consulter les données. Il y a, à Bruxelles, 3,3 millions de déplacements par jour qui représentent 25 millions de km parcourus par jour. En moyenne, on fait 7,7 km par trajet, (venant de 11,05 km en 1999). 32 % des trajets font moins d’1 km. Deux tiers des trajets font mois de 5 km. Un quart des déplacements sont liés au travail ou à l’école, un quart aux courses. L’influence du télétravail est manifeste mais concerne surtout les usagers du train qui viennent de loin. La pointe du matin s’étale. L’usage de la voiture recule depuis 2017.
Enorme succès des cargo bike. Certains livreurs disent qu’ils ne reviendront plus en arrière. Pensée pour un ami qui a essayé trop tôt dans sa boîte.
Hub a placé des capteurs dans les commerces et fait des enquêtes. Seulement 17 % des clients viennent en voiture.
Sur les aspects sociaux de la mobilité, Stabel apporte de nouvelles données de type socio-économique. BE organise un forum sur le sujet le 27 juin. Le quart des ménages les plus aisés détient la moitié du parc automobile mais 10 % de ménages motorisés sont aussi des ménages précaires. Les ménages avec (jeunes) enfants font davantage usage de la voiture. L’environnement urbain est résilient car la densité permet les alternatives.
Exemple de Bruxelles-Ville, de Londres, de Milan, de Paris (logistique), …
A Londres, résultats très spectaculaires des quartiers sans voiture (les low trafic neighborhoods) mis en place pendant le Covid. De fortes réductions de volume de trafic dans les quartiers résidentiels : les riverains optent pour les modes actifs pour les trajets courts. Le niveau de qualité de l’air est resté analogue à la période Covid.
A Milan, 1,4 million d’habitants, ils sont contents d’avoir récolté 194 avis pendant la phase de consultation. Plus de 6.000 à Bruxelles;) Si j’ai bien noté ils sont passés d’une LEZ de 8,2 km2 (4,5 % du territoire urbain) dans laquelle ils ont réduit les accès automobiles de 40 % à l’aide d’une congestion charge de 5 euros par jour (de 7h30 à 19h30) à une zone de 132 km² (70 % de l’aire urbaine, 97 % de la population) non payante mais axée sur des restrictions environnementales aux mêmes horaires. Ils ont un programme de déminéralisation d’espaces publics et de création de pistes cyclables mais toujours beaucoup de voitures en ville (de l’ordre de 600.000).
Avec Vincent Carton on se souvenait d’y être allés en voyage d’études avec l’ARAU et d’avoir photographié les panneaux mais en quelle année, je ne sais plus. J’ai confondu avec Turin (2004).
Les présentations seront sans doute mises en ligne. Ça vaut la peine, beaucoup de chiffres et de tendances.
Par chance, on a pas dû pédaler jusqu’au Parlement et retour car le vote a été reporté.
Merci à l’aimable lecteur qui est venu me féliciter de ces redditions de comptes et a accepté de surveiller mon vélo pendant que je retournais chercher mon casque oublié au vestiaire. Trop fatiguée pour aller au drink. La Team verte n’était pas encore en week end.
Samedi 10 juin 2023
Commission délibérative sur le bruit en ville.
Phase de Rapport : discussion sur les amendements, vote des amendements, vote des recommandations telles qu’amendées. Le Président Roberti a très bien fait ça de manière à ne perdre personne.
Les citoyen.n.es votent de manière anonyme, les parlementaires votent à main levée. Les député.e.s se regroupent de manière à faciliter le comptage des voix par les services mais, du coup, on ne peut plus discuter avec les participants. In fine, on a mangé ensemble et tiré les enseignements de l’expérience. Une dame a dit que ça lui redonnait foi en la politique. Un monsieur a dit qu’il s’était vraiment senti une ressource, avait appris beaucoup sur la législation, se demandait ce qu’on ferait des recommandations.
Le Rapport va être complété, envoyé au Gouvernement. Chaque ministre concerné viendra répondre. Puis les participants seront réinvités (dans les 6 à 9 mois) à entendre les réponses du Gouvernement et à réagir si ils le souhaitent.
L’après-midi j’ai lu les bouquins apportés par Michel Hössler, de l’Agence TER, invité par Veronica Cremasco à notre colloque pour présenter le Master Plan des friches liégeoises.
Le soir, j’étais au bout de ma vie mais je suis tout de même partie en petite robe noire boire des verres dans un café des Marolles pour l’anniversaire d’une amie en petite robe noire, discuter politique et revenir en carrosse avec des Jettois dont l’un porte des chemises dont les fleurs sont raccord et l’autre trouve ça marrant. Quand je lui demande vendredi si il peut tenir ma tasse une minute pendant que je cherche un truc dans mon sac il répond : « Isabelle, j’ai toujours rêvé de travailler pour toi ».
Parfois un peu de légéreté et d’humour font du bien.
C’est plus agréable que de se faire engueuler pour les conneries des autres. Dimanche, j’ai relu le dossier métro Nord pour préparer une intervention au Bureau politique Régional de mercredi 14 et un débat demain sur BX1 avec Fabian Maingain.
J’ai regardé le premier débat des présidents de parti sur RTL : une seule femme, Rajae Maouane. Ils ont eu 30 secondes chacun pour parler du climat.
Des roses, des pivoines, des modes actifs plutôt que des bagnoles, une rivière sauvage sur la petite ceinture : la vie dans une ville vivante.