Semaine du 6 mars 2023
une semaine « pas nécessaire », comme un certain PAD (Plan d’Aménagement Directeur)
60 % de mon temps a été occupé par ce dossier, on ne va pas énumérer toutes les discussions afin d’éviter la monotonie.
Pendant le week end, Elke Van den Brandt faisait sa rentrée dans La Libre et sur Bel RTL côté francophone. Elke plaçait la barre assez haut en parlant d’« immosocialisme », un terme dans lequel il y a, à la fois « immobilité » (le déni de l’adaptation de la ville au dérèglement climatique) et « promoteurs immobiliers ». De plus, elle évoque la destruction de la Maison du Peuple de Bruxelles. Certain.e.s ont trouvé cette référence excessive. Je trouve cela bien vu, au contraire.
1 : La Maison du Peuple a été construite par l’ancêtre du PS, le Parti Ouvrier Belge et détruite par le PS
2 : Ce faisant, il ignorait par but de lucre un patrimoine collectif comme aujourd’hui il ignore le défi climatique et celui de la survie de la biodiversité. Ça se tient.
Anecdote : lors de la visite de l’expo Horta dans le lieu qui s’appelait encore Palais des Beaux-Arts en 1997, le responsable de cette décision de destruction d’un chef d’oeuvre architectural et d’un lieu de mémoire du socialisme bruxellois, m’a dit que « si c’était à refaire il le referait ». Il a répété la même chose sur le plateau de la RTBF deux jours après. Mais ça ne passait plus inaperçu.
Lundi 6 mars 2023
Bureau politique à Namur
J’ai retrouvé des collègues dans le train.
On y a parlé essentiellement des matières fédérales : asile et crise humanitaire, nucléaire, réforme fiscale, soutenabilité des finances publiques, fonds marins. Rien à voir entre ces deux derniers sujets… Et d’un dossier bruxellois.
Attention, quand l’Etat fédéral se met au régime ce sont les entités fédérées qui trinquent.
Commission développement territorial
Il y avait une DE de Gaëtan van Goidshenhove sur le site des abattoirs. Il demandait si la filière d’abattage allait se reloger dans le bâtiment Manufakture comme c’était prévu in tempore. Mais non ! Puisqu’au moment où Abattoirs SA a bouclé le projet pour Manufakture, l’avenir de l’abattage rituel et donc de l’abattoir était incertain. A mon avis, si l’abattage rituel est maintenu, il faudra trouver un site accessible aux camions des éleveurs pour construire un abattoir neuf sur un zoning industriel car tout le site actuel va être réurbanisé. Et cette activité d’abattage pose des questions de cohabitation, d’environnement (gestion des eaux et des déchets) et d’accessibilité, indépendamment des questions de bien être animal. Comme l’a déclaré une collègue socialiste : « le potentiel constructible y est phénoménal … la volonté, tant de la Région que de la commune, est d’y construire des logements 100 % publics, sans définir la proportion du logement social et du logement moyen de type citydev.brussels. ».
Une distinction pourtant bien nécessaire.
La réponse nous informe d’un délai : « Dans le cadre des transferts fonciers du site, la Société d’aménagement urbain (SAU) et la SA Abattoir ont convenu que la SA Abattoir aura jusqu’au 31 mars 2023 pour notifier si elle veut continuer les activités d’abattage de bétail sur une partie prédéfinie du site. Si la SA Abattoir ne saisit pas cette possibilité, la Région aura jusqu’au 31 mars 2024 pour décider de récupérer ladite partie du site, à titre gratuit, en vue d’y faire exploiter un abattoir. La Région et la SA Abattoir sont néanmoins conscientes des enjeux qui existent pour le maintien de cette fonction en tissu urbain, notamment sur le plan de la logistique et des nuisances. Si cela s’avère nécessaire, une étude pourrait objectiver certaines questions. Elle sera lancée, le cas échéant, en concertation avec la SAU (tréfoncier du site) et hub.brussels. »
J’espère que cette étude nécessaire est en cours car le 31 mars 2023, c’est dans moins de 20 jours, et le 31 mars 2024, par définition, dans un an et 20 jours. D’ici là j’espère également que les autorités compétentes reprendront en dialogue avec les cultes afin de réduire la durée de la souffrance animale au moment de l’abattage, quels que soient ses modalités.
Il y avait également une DE du PTB sur le projet de PAD de la Porte de Ninove dont la version 1 bis amendée suite à enquête publique revient en deuxième EP. Puisqu’il est question de dédensifier les quartiers pauvres, je pense qu’il aurait fallu exproprier le triangle propriété du privé qui spécule depuis plus de 20 ans. Cela permettrait d’agrandir le parc et de préserver la perspective depuis la place Poelaert et le pont de la porte de Flandre. Tout comme la RBC a exproprié les hangars et car wash présents sur le site début des années 2000 pour cause d’utilité publique : créer le parc actuel. En l’absence d’esquisses pour cette parcelle dans le dossier, le public ne peut pas se faire une idée du projet ce qui compromet un avis éclairé sur le projet de PAD. On ne peut attendre l’enquête publique sur la demande de permis d’urbanisme. Le projet est passé de 35.000 à 21.000 m² et de R+30 à R+15 max. Et il est question de 25% de logements « sociaux ». Par quel biais, ce n’est pas clair mais c’est consigné.
J’ai dû quitter la Commission Développement territorial pour aller poser une innocente question sur la financiarisation de l’immobilier en Commission Finances.
Toute le droite ou presque est montée sur cette question, ce qui fait que le débat prévu en Commission dev ter sur le suivi de la Commission délibérative Biodiversité n’a pu se tenir faute de quorum (et qu’un collaborateur de Défi m’a gentiment rapporté mes affaires dans l’autre salle).
Le PS nous a rassuré.e.s « La secrétaire d’État socialiste chargée du Logement, Mme Ben Hamou, est attentive à cette évolution et a commandé une étude auprès de Brussels Studies. Selon les informations recueillies auprès de Bruxelles Fiscalité, il apparaît d’ores et déjà que près de 4 % des propriétaires de parcelles cadastrales affectées à du logement sont des personnes morales et que parmi tous les propriétaires de parcelles, seuls 5 % sont propriétaires d’au moins cinq parcelles cadastrales. »
Je posais la question des conglomérats immobiliers qui maintiennent des prix artificiellement hauts et le ministre me parle de l’accès à la propriété par les ménages individuellement. Mais le « débat est lancé », comme disent les collègues.
Disclaimer : en l’absence d’études sur la structure de la propriété ça ne sert pas à grand-chose… Mais c’était néanmoins amusant de voir Guy Vanhengel faire sa grosse voix parce qu’une « certaine gauche » fait peur aux gens et détromper le PS « non, pas toi, j’ai dit « de gauche » ».. Non, Guy, au contraire, nous voulons les protéger car le marché tourne fou.
Ma réplique :
« Rassurez-vous, Monsieur Vanhengel, le groupe Ecolo ne cherche pas à faire peur à la population, mais à la protéger. Nous constatons une envolée des prix de l’immobilier, aussi bien sur le plan acquisitif que locatif. Bruxelles est une ville riche habitée par une population pauvre, comme le démontrent les travaux universitaires. Depuis la production lancée à la suite de la modification du PRAS démographique en 2013, le problème n’est pas tant la production de logements – il y a même plutôt une suroffre de logements neufs – que l’accès au logement. Le problème, c’est le prix. Soyons attentifs aux effets de loupe. Ce n’est pas le logement social qui réglera ce problème, car il constitue seulement 7 % du parc total de logements. Il y a 586.000 logements à Bruxelles, et la part de logements privés ne cesse d’augmenter : environ 3.500 permis de logements sont délivrés chaque année. C’est pourquoi la part de logements sociaux ne va malheureusement pas modifier la situation. »
Comparer avec les prix avec ceux des autres villes n’a de sens si on corrèle avec les revenus.
Le président Madrane m’a coupée juste au moment où j’allais dire que la majorité avait pris des engagements : révision de la circulaire sur les charges d’urbanisme, assortie, peut-être d’une captation des plus values immobilières, c’est prévu dans la DPR.
Lundi soir je me suis fendue d’un mail récapitulatif sur Josaphat.
Mardi 7 mars 2023
8h30 : réunion zoom sur Josaphat
Commission Mobilité
Sortie de Zoé sur la nécessaire maîtrise du parc de logements privé
Le soir, séminaire de la CRD (Commission Régionale de développement, conseil d’avis) sur la participation. Questionnements sur les modalités d’un urbanisme démocratique, ce qui signifie, pour le politique d’accepter de céder une partie du pouvoir.
C’était bien organisé. Trois – quatre intervenants (davantage que d’intervenantes, a fait judicieusement remarquer Ingrid) intervenaient sur 3 sujets puis le public pouvait réagir. Le climat d’écoute était bon mais on était surtout entre fonctionnaires, praticiens, associations et politiques. Ces séances visent à alimenter le colloque prévu le 30 mai pour les 30 ans de la CRD. J’en ai profité pour rappeler à toutes fins utiles qu’Ecolo est favorable au renforcement de la participation, au bon moment, avec les bons acteurs, de façon à permettre de modifier les projets sur des bases informées.
Justement cette semaine certains ont cru bon de pousser des cris d’orfraies et d’interroger la Ministre de la Mobilité en question d’actu en plénière parce que 6 membres de son cabinet avaient participé à l’enquête publique sur le projet d’aménagement du pont Marchant. C’est quoi cette conception paroissiale de la participation ? Désolée, les gars mais le texte du COBAT dit « quiconqe peut demander à être entendu.e ». Les réclamants n’ont pas à justifier d’un intérêt local, d’être riverain ou propriétaire, etc. Un cabinetard, un ancien bourgmestre, un quidam habitant à l’autre bout de la région sont légitimes pour intervenir.
Mercredi 8 mars 2023
Sortie de Rajae :
Journée internationale des droits des femmes.
J’ai rejoint les copines à la manif. Il faisait glacial. Arrivée place Poelaert, je décide de quitter pour prendre le métro à Louise. Pas de métro, série noire ce jour là (rumeurs d’attentat, service réduit, incendie, personne sur les voies,…) Je suis redescendue à travers le Sablon pour retrouver la manif et mon nécessaire vélo dans le parking du PRB. Je ne tombe jamais malade mais là j’ai bien cru y passer. Quand je dis que le métro est un mode vulnérable, personne ne semble comprendre, passons …
Mercredi sœir je me suis fendue d’un complément à une note sur la production de logements sociaux à Bruxelles. Mais jeudi matin c’est la proposition de PRAS climatique que j’ai vu surgir d’un article de Bruzz. C’est mieux car nous sommes plus légitimes sur nos fondamentaux et c’est sur ces enjeux que l’alerte est neuve.
Jeudi 9 mars 2023
Réunion de groupe
On a e. a. parlé des nécessaires guichets physiques et des conséquences de leur suppression.
A midi nous devions avoir un lunch de travail de la majorité avec Pascal Smet sur le projet de réforme du COBAT. Nous étions prêt.e.s mais pas lui, la réunion du Gouvernement se prolongeant. Report.
Team verte en hybride.
Vernissage de l’expo « Ce qu’habiter vaut dire » de la cellule architecture de la Fédération Wallonie Bruxelles au MAD (centre de la Mode et du design développé grâce au soutien du Feder sous la législature 2009-2014)
Le genre de vernissage où on vous demande à l’accueil si vous avez droit au catalogue gratuit. « Bien sûr, et en plus je lis les livres qu’on me donne ». Ben non, votre nom n’est pas sur la liste.
Le genre d’endroit blindé de monde où il fait 25 degrés.
Le genre endroit où on vous sert une bière tiède à 3,5 euros et où il faut insister pour recevoir un verre.
Mais je vous recommande la très chouette expo et le catalogue à 15 euros qui vaut le coup également. La cellule architecture n’a pas son œil en poche quand il s’agit de dénoncer l’étalement urbain et l’habitat « ça’m suffit ». De très chouettes projets graphiques de reconversion et plein d’usages sociaux. Et de chouettes discussions.
Vendredi 10 mars 2023
J’étais prête pour déposer une question d’actualité pour 11h00 et le dépôt avait exceptionnellement lieu à 9h00. Magnifique. Hicham, même chose alirs que la grève des pompiers est historique. Parties au recyclage pour les Commissions.
Le ministre-Président venait de déclarer que des logements abordables étaient nécessaires à Tour et Taxis alors que la Région n’a (quasi) rien imposé en contre partie des plus de 400.000 m² de superficies délivrées malgré les demandes répétées de ces emmerdeurs de la société civile. Au moins depuis 2004.
En 2018, l’ARAU écrivait à nouveau : « Alors qu’environ un tiers des Bruxellois vivent avec un revenu inférieur au seuil de risque de pauvreté et que près de 49 000 ménages sont inscrits sur la liste d’attente du logement social, la production de logements sociaux tourne au ralenti avec à peine 110 unités construites par an depuis 2005 en Région de Bruxelles-Capitale.
Le Gouvernement a affirmé sa volonté de mettre à contribution la promotion immobilière privée afin de développer le parc de logements « abordables ». C’est notamment dans cette optique qu’a été adopté l’arrêté « charges d’urbanisme » en 2013. Même si les mécanismes que cet arrêté a introduits s’avèrent insuffisants, rien n’empêche, par ailleurs, la Région d’imposer la réalisation de logements sociaux à titre de charges d’urbanisme.
L’urbanisation du site de Tour et Taxis est une occasion de faire contribuer la promotion immobilière privée à la production de logements sociaux. D’autant plus que le Quartier Maritime, où le site se situe, ne compte que 4,06 logements sociaux pour 100 ménages. L’ARAU demande depuis de nombreuses années que le site de Tour et Taxis accueille un minimum de 25% de logements sociaux. »
Je rappelle que le rebond démographique était tangible dès 2002 (il n’y avait plus de place dans les crèches) et que le boom démographique date de 2007-2012. Je rappelle que dès 2004 il était établi pour le grand public, entre autres grâce au colloque organisé par le RBDH à Saint-Louis, que le marché locatif privé était très tendu et que les prix des loyers décollaient par rapport aux revenus des ménages. Je rappelle que ce généreux permis d’urbanisme pour l’urbanisation de Tour et Taxis a été délivré en 2009 et qu’à l’époque l’ARAU a défendu l’urbanisation en dépit de l’avis du comité de quartier soutenu par le BRAL qui revendiquait un grand parc, voire le maintien du site « tout publiek ». Et que de la biodiversité à l’époque, on ne parlait pas. Je rappelle que depuis 2020 les perspectives démographiques se sont essoufflées et que la SLRB peut acheter des logements neufs clé sur porte.
Voilà voilà
Et puis je suis allée déjeuner chez Horia avec Barbara Trachte. Et nous avons pris notre temps.
A la sortie, je constate que Simon me cherchait depuis plus d’une heure pour faire une video. Première surprise : étais-je nécessaire sur Josaphat ? Non, sur un autre dossier. Je pensais que c’était prématuré. Comme l’instruction venait d’en haut nous avons traduit le jargon technique en langage (presque) compréhensible et illico tourné la video. Mais c’était bien prématuré. Dire qu’on aurait pu passer l’après-midi à la plage. La beauté de notre sport, comme j’ai dit à je ne sais plus qui.