Une semaine pleine d’affinités
Dimanche 22 janvier 2023, Tristan et Ingrid ont préparé l’intervention concertée que la Team verte allait porter sur le projet Good living au nom du groupe Ecolo pendant que j’enregistrais un affable débat sur Good Move, à Arabel, avec deux progressistes qui avaient entre eux de nombreuses affinités.
Lundi 23 janvier 2023
Suite à ma question d’actualité à Rudi Vervoort sur le fonctionnement du Conseil de la nuit, dont il a annoncé, il y a deux ans, qu’il allait « apaiser la ville », j’ai reçu quelques coups de fil de défenseurs du Fuse.
« Ils ont toujours été là », me disaient les camarades du Pavé dans les Marolles le 19 janvier. Les clubs se sont en effet souvent installés dans d’anciens cinémas de quartier dans des quartiers centraux et populaires (Mirano, Fuse, Marivaux, …) où ne se recrutait pas nécessairement leur clientèle mais où les habitants ne se plaignaient pas parce qu’ils étaient pauvres.
J’ai une anecdote à ce propos : l’ARAU étant reçu par le président du CA du CPAS de la Ville de Bruxelles, rue Haute, vers 2010, nous regardions le paysage des Marolles par la fenêtre au moment où il nous raccompagne à l’ascenseur. (L’ARAU protestait contre le fait que le CPAS laisse du patrimoine classé à l’abandon : Atelier Cortvriendt, Palais du vin, etc.) Et là, devant cette fenêtre avec vue dominante, Yvan Mayeur nous raconte que c’est fatiguant depuis qu’il y a des bobos dans les Marolles car « ils écrivent pour se plaindre de la propreté et du bruit ». La moutarde m’est montée au nez : « Hé quoi, quand c’était des pauvres et des immigrés qui subissaient les même nuisances vous étiez bien tranquilles ?! ». Hé oui. Le « retour vers la ville » commence vers 2005 mais certainement pas prioritairement autour des boîtes.
Cependant, je suis tout-à-fait d’accord que la vie nocturne doit avoir sa place en ville et que les clubs représentent un mouvement culturel. L’arrêté « son amplifié » de 2018 vise à protéger la santé des riverains mais aussi des usagers et des travailleurs du secteur. Lors des consultations du secteur organisées par Bruxelles Environnement au Botanique, de nombreux acteurs étaient d’ailleurs tout-à-fait prêts à s’adapter et d’autres étaient sur la ligne : « nous, en s’en fout de la santé publique, plus on monte le son, plus on vend d’alcool » (sic). J’ai admiré le stoïcisme des fonctionnaires de BE… En ce « dry january », il faut raison garder, ne pas imaginer qu’on va re légiférer sur base d’un cas particulier (même si le voisin était Picsou doublé de Jed Clampett). Il faut rechercher un équilibre. C’est notre ligne : « préserver le monde de la nuit dans le respect de toutes et tous ». A cause de la crise Covid, ce secteur a été le premier à fermer et le dernier à rouvrir. Une Brussels night federation a émergé pour défendre ses intérêts auprès des pouvoirs publics. Ensuite le Conseil de la nuit a été occupé par les prises de conscience indispensables des exploitants face au mouvement « balance ton bar » contre les agressions sexuelles. Aujourd’hui, ressurgit la question des nuisances sonores, quel que soit le profil social autour. Pour ce qui concerne les établissements privés, il existe des investisseurs prêts à participer à un projet adapté ab initio aux enjeux d’isolation phonique. Et des parties de la ville où on dérange moins que dans d’autres. Bref, Ecolo a voulu ce Conseil de la nuit comme lieu de connaissance et de médiation et je pense que c’est là que ça doit se passer mais qu’il faudra également associer des défenseurs du droit à un environnement sain afin de trouver des compromis équilibrés, crédibles et pérennes car le problème n’est pas nouveau.
De son désaccord avec la vision événementielle de la ville portée par la Ville, l’ARAU a tiré un colloque sur le bruit dans la ville, en 2018 :
Comme je l’ai rappelé au Ministre-Président, les habitant.e.s du quartier Saint-Géry sont abandonné.e.s à leurs nuits sans sommeil depuis des années malgré les initiatives liées à la « tranquilité publique » qui se résume trop souvent à la tranquilité de l’autorité publique (neutraliser les plaintes). Pour certain.e.s, il est impossible de quitter le quartier car leurs appartements ne valent rien. Un éventuel droit d’antériorité les indemniserait, alors ?
Bref, il va falloir poursuivre les discussions. Longue vie au Fuse.
Commission développement territorial
Présentation de Good living
Il n’est pas d’usage que les ministres viennent présenter leur projet de réforme avant un accord au sein du Gouvernement mais cette démarche est appréciée des parlementaires, en particulier de l’opposition qui n’a, en principe, pas un canal privilégié avec les cabinets. (Quoi qu’entre l’open VLD et MR il semble parfois exister des canaux affinitaires, en particulier quand il s’agit de préserver le droit de faire du bruit et/ou de polluer).
Pascal Smet est venu faire une présentation du projet Good living issu des lignes directrices élaborées par un comité d’experts et de groupes de travail inter administrations, communes, praticien.n.e.s, promoteurs. « IEB a refusé de participer », précise d’emblée Pascal Smet. « Tout travail mérite salaire » étais-je tentée de rétorquer mais je présidais. J’ai donc opposé mon plus beau sourire carnassier. Pascal disait justement mardi soir qu’ « Isabelle et moi on se connaît depuis longtemps, on est pas toujours d’accord mais on se respecte ». Oui, cette éphémère présidence de commission était, si ce n’est affinitaire sur toute la ligne quant au fond, du moins empreinte d’une certaine courtoisie, voire d’une complicité sur certains sujets face à l’opposition qui, sans surprise, chipote sur les pistes cyclables et le renforcement de la biodiversité plutôt que de s’intéresser aux modalités de la densification. Je rappelle que même la généralisation des rues cyclables n’éradiquerait pas la voiture, hein.
Chaque groupe a ensuite présenté sa réaction. J’avais proposé 15 minutes chacun mais 20 n’ont pas suffit au MR, paniqué à la perspective que le stationnement s’évapore. (Rappelons que pour 275.000 places en voirie il y en a plus de deux fois plus hors voiries). Attaque en règle également du parti frère : le PS est préoccupé de la remise en question du stationnement en épi, notoirement dangereux (sauf peut-être à Koelkelberg) et de la restriction de la publicité dans l’espace publique, qui « met du beurre dans les épinards . (Surtout à Bruxelles Ville). Le PS insiste également pour que les prescriptions relatives à l’accessibilité s’appliquent également au secteur public. Cela paraît légitime. Le PTB, solidaire des partis traditionnels sur la question du stationnement, met par ailleurs en garde contre l’extension du co-living et en ce point il a raison. Il y aura un texte à part. Défi a regardé de plus près le volet « habitabilité » et en relève les impasses. Céline Fremault a insisté sur la nécessaire consultation des associations. C’est bien ça ! (Comme quoi, tous les points de vue sont susceptibles d’évolution puisque le soutien des Engagés n’a pas laissé de souvenirs trop marquants dans la société civile). La NVA s’est plaint de ne pas avoir reçu le document. Qui est public puisqu’il a été soumis à une enquête publique. Cela ne les a pas empêché de discourir près de 20 minutes sur un document qu’ils n’avaient pas lu. Il faut cependant admettre que la gestion bruxelloise de l’urbanisme génère beaucoup de frustrations : c’est donc un sujet de conversations entre les demandeurs de permis et leurs représentants.
Le nouveau slogan de Pascal Smet c’est : « plus d’urbanisme, moins de juridisme ». Ajoutons « plus de d’intérêt général, plus d’équité entre les demandeurs » et ça devrait pouvoir avancer.
Le soir, réunion de la Commission fédérale Logement – et aménagement du territoire – d’Ecolo
Cela ne m’arrangeait pas, je l’avoue, car toutes ces réunions internes nous éloignent du terrain et qu’il y avait ce soir là une projection du documentaire sur le travail de Convivence au cinéma Aventure. Mais voilà, la solidarité avec les vaillants organisateurs des échanges avec les militant.e.s tend à l’emporter dans une perspective programmatique délibérative. Bref, puisque les faits ne suffisent pas à emporter l’adhésion, on a discuté des valeurs et des prospectives que devraient, selon nous, emprunter les perspectives sur ces sujets. Elle sont très fortement affinitaires avec l’urgence sociale à loger les plus faibles (merci notre proximité affinitaire avec les ASBL du secteur), alors que dans le cadre des réformes de l’urbanisme, on parle de tout sauf des prix. (Sauf quand il est question d’indemniser des moins values éventuelles
).

Mardi 24 janvier 2024
Commission Mobilité
Les partis traditionnels sont revenus, dans la foulée du MR, sur la question de la suppression de places de parking en voirie et en particulier du parking en épi. Du coup, seule représentante du groupe Ecolo, j’ai improvisé une intervention pour soutenir mon collègue de Groen. Une recherche faite pour une échevine, qui n’avait rien pu en tirer des suites de l’obstruction de son bourgmestre sur le sujet, m’a opportunément servie. Ce qui est bien dans ce boulot c’est qu’on travaille rarement pour rien car nos inter actions se stratifient.
Cocktail, comme disait l’invitation, des « hauts représentants des institutions bruxelloises, européennes et internationales ». « Et de quelques indigènes », ai-je dit en arrivant à Rachid Madrane, qui a trouvé ça rigolo, et à Alain Hutchinson, qui avait l’air de trouver ça moins rigolo.
Cet événement, qui se déroulait dans la salle de Glaces au Parlement, gagne jusqu’ici la palme des zakouskis les plus luxueux. L’occasion de discuter aussi avec des Bruxellois.e.s qui travaillent pour les OIP. Ils n’aiment pas forcément le vert mais encore moins les « notes vertes » (instructions reçues des cabinets) surtout quand elles sont incessantes et instables. Malmener l’expertise de l’administration, ce n’est pas bien. Surtout si c’est pour des raisons affinitaires plus ou moins transparentes.
Mercredi 25 janvier 2023
Discussion en Commission Environnement sur l’Ordonnance du Gouvernement sur la mise en œuvre de la 5G. Chacun ayant déjà eu l’occasion de s’exprimer longuement, y compris devant les participant.e.s de la Commission délibérative, les débats étaient assez posés. Hicham m’a obligeamment remplacée pour le vote car j’animais un Midi d’Etopia à la Green House. Merci !
Midi d’Etopia sur les infrastructures sociales à Bruxelles avec les auteurs d’un opuscule consacré à ce sujet, Benoît Moritz et Geoffrey Grulois, Louise Carlier étant excusée. Les infrastructures sociales sont les équipements au sens large, y compris les équipements de transport. Ce sont les lieux où la population entretient des interactions. Ce petit livre tend à démontrer que la ville à 10 minutes ne date pas d’hier (cités jardins, unités de voisinage du mouvement moderne, associations de quartier, …) et qu’il convient de prendre en compte l’équité sociale dans l’accès aux équipements. Et, finalement, nous sommes-nous dit : quels équipements pour les personnes âgées puisque la programmation issue depuis 30 ans des contrats de quartier a d’abord pallié aux lacunes d’équipements dédiés à la petite enfance et aux adolescents dans les quartiers centraux de la zone de rénovation urbaine (ZRU) puis des équipements sportifs et culturels supra locaux ? Rappelons que 20 % de la population a plus de 65 ans. Il y a des maisons inter générationnelles en Wallonie, répond Veronica Cremasco. Chouette, un modèle !
Autre question : et les équipements produits par le privé, comment sont-ils programmés ?
Je n’ai pas voulu faire montre d’ego centrisme mais on ne prête qu’aux riches. L’ARAU est désigné comme ayant inspiré les résistances à l’arasement du quartier nord, qui a eu lieu 4 ans avant sa création. L’ARAU est soupçonné d’avoir imposé l’historicisme dans l’ilot sacré. Qui est un choix de la Ville de Bruxelles : PPAS de 1960, 9 ans avant sa création. Mais il est vrai, par ailleurs que dans leur résistance au fonctionnalisme qui détruisait les quartiers, les associations ont plaidé la mixité fonctionnelle des quartiers qui suppose le recyclage du bâti et la proximité des activités. Et que, quand les Assurances générales ont décidé de démolir leur jolie petite tour bleue pour reconstruire un ilot fermé rue de Laeken, ce sont bien les associations du mouvement culturaliste qui ont encadré le processus de reconstruction à travers le concours organisé par la Fondation pour l’architecture. Mais ce n’est pas le sujet du bouquin.
Au delà des approches métriques, les auteurs invitent à réfléchir la spécificité des lieux et des besoins des divers publics. Bruxelles se réinvente un périmètre à chaque outil (forcément, du fait des opportunités foncières et immobilières). La gouvernance locale des quartiers de Gand leur parait une formule intéressante. Egalement parce que créatrice d’identité et de solidarité.
Bref c’était chouette et il y avait pas mal de jeunes. Bientôt sur le site d’Etopia.
Le soir, je suis allée aux voeux de la Brussels Hotels Association qui avaient lieu au 27e étage de l’ex Hilton (devenu en toute modestie « The Hotel »). Pénétrer furtivement l’univers du luxe est toujours une bizarre expérience. Et presque tout le gouvernement était présent, trop content que ce secteur sorte la tête de l’eau. En sortant, j’ai fait le tour du bar de l’hôtel. On y parle qu’anglais : une forme d’extra territorialité affinitaire qui ne semble déranger personne.
Jeudi 26 janvier 2023
Réunion de groupe
Dans ce groupe, chacun respecte et relaie l’expertise des autres dans une perspective collective et ça, c’est chouette. Les affinités des autres paraissent cependant parfois plus sujettes à caution que les siennes propres, mais ce ne sont pas forcément ceux qui sont désignés comme tels qui by-passent les consignes externes et internes au groupe. Progresser suppose de jouer groupés au delà de nos styles, caractères, convictions et affinités externes et internes, un savant équilibre.
Réunion Teams avec le Cabinet Maron sur le projet de révision de PRAS. M’est avis que considérant que les préoccupations environnementales sont en top priorité, nos partenaires ne vont pas se montrer très pressés pressés.
Vendredi 27 janvier 2023
Lecture du Rapport d’évaluation de la réforme du COBAT envoyé par Pascal Smet aux Commissaires de la Commission dev ter.
Les diagnostics sont intéressants. Ce rapport est limpide et édifiant car il montre comment, sur le terrain, les services de l’urbanisme, en particulier communaux, se sont adaptés à la nouvelle contrainte des délais de rigueur. Contrairement à ce qu’on entend encore souvent le nombre de saisines automatiques à la Région et les refus automatiques de permis tendraient à se réduire. Il établit également les autres pathologies du système dont l’ingérence politique, dans certains cas, qui est décourageante pour les fonctionnaires. Le rapport propose des solutions. Globalement je n’ai pas de difficultés majeures avec les solutions destinées à raccourcir les délais administratifs d’instruction des dossiers et à réduire le nombre d’allers-retours. Tous les praticiens savent que c’est en amont de l’envoie de l’accusé de réception que les délais les plus problématiques se trouvent (car les services sont débordés). On pourrait également réduire le nombre de dossiers des particuliers qui passent en enquête publique. Mais le chapitre sur la participation est imbuvable. Ce n’est pas ce à quoi Pascal Smet s’est engagé. De bonnes discussions en perspective. Pour l’instant, ce rapport a été envoyé aux cabinets et aux commissaires de la Commission développement territorial. Il y aura une forme de consultation du public après l’approbation en première lecture par le Gouvernement, a promis le Secrétaire d’État. Cette version, qui ne manquera pas de circuler, n’est donc pas la version définitive. A vos propositions.
Je ne fais plus état de mes lunchs mais disons qu’un petit lunch affinitaire en mode parole libre ça fait drôlement du bien.
Drink pour le départ du stagiaire de la Team verte, Pol. Bonne continuation à lui.
Réunion avec les cabinets Maron et Van den Brandt sur le Rapport mentionné ci dessus à propos du COBAT. C’est toujours chouette de partager nos expériences car Tristan, pour avoir été échevin de l’urbanisme pendant près de 10 ans, connaît bien le vécu des services communaux et Ingrid, qui est cheffe de projet à BM, connaît bien les contraintes de l’administration régionale en tant que demandeuse de PU elle-même. Et moi je suis sensible à la démocratisation des décisions et à la capacité des associations d’intervenir dans le dialogue entre le privé et les pouvoirs publics afin d’en maîtriser les impacts sur la collectivité. Chez Alain Maron, nous avons aussi des architectes et urbanistes qui travaillent de concert avec des environnementalistes. Et chez Elke van Den Brandt des spécialistes de l’espace public. Bref nous procédons à une analyse collective et délibérative des textes et relayons auprès des échevin.n.e.s.
Zakia Khattabi a publié un post à partir de sa page privée pour partager sa joie d’assister en agréable compagnie à un bon concert d’un groupe de musiciens très populaire auprès de la communauté marocaine. Assorti d’un petit commentaire piquant sur le fait de « faire le plein de marocanité en non mixité choisie ». Ni une ni deux, un président de parti a commenté par une ânerie choisie, un journal a parlé de ségrégation et des redresseurs de torts de « séparatisme ». Evidemment, il en irait de même si une Suissesse appelait à une soirée fondue entre compatriotes suisses, a commenté une politologue d’origine suisse. Parce qu’il y a des affinités moins légitimes que d’autres, celles de certains groupes minoritaires (mais pas tous : pas les Suisses, par exemple). Surtout quand une quelconque forme de pouvoir est en jeu. Minoritaires ne signifie pas dominants, par définition, mais il faut croire que seules certaines affinités font paniquer les dominants. Restez chill, ce qui compte au-delà des affinités individuelles, visibles ou invisibles, c’est bien le sens du collectif.
Des affinités électives ne sont pas nécessairement exclusives 

L’humour déroute qui, au fond ?