Jamais notre Ville-Région n’a été aussi peuplée.

En effet, avec 1.219.970 habitants au premier janvier 2021, la Région bruxelloise a connu une croissance de sa population constante depuis 1996. Cependant, si cette croissance est constante, elle est loin d’être régulière. Ainsi, comme le souligne l’institut bruxellois de statistique et d’analyse (IBSA), avec 1.715 nouveaux habitants la croissance démographique bruxelloise est la plus faible enregistrée depuis 1998, soit une croissance relative de 0,14%. Si cette croissance est toutefois supérieure à celle de la Région wallonne ( 0,08%) mais elle est moitié moindre que celle de la Flandre (+0,36%) où l’immobilier est beaucoup moins cher.

Par ailleurs, l’IBSA signale que comme c’est systématiquement le cas depuis une dizaine d’années, la croissance démographique annuelle en 2020 s’explique par un solde naturel (+4.863) et un solde international (+13.635) positifs. Ensemble, ces deux derniers compensent le solde migratoire interne fortement négatif (-17.319). Au cours de l’année 2020, 23.585 personnes sont venues s’installer dans la Région bruxelloise, en provenance du reste de la Belgique. Ce nombre d’immigrations internes oscille entre 20.000 et 26.000 unités depuis près de 30 ans. Le taux d’immigration interne, qui relativise ce nombre d’immigrations par rapport à l’effectif de population de la Région, a eu tendance à légèrement diminuer depuis les années 2000. Il constitue un bon indicateur de l’attractivité migratoire de la Région.

Depuis l’année 2000, le nombre d’entrées dans la Région n’a jamais été aussi négatif depuis la création de cette dernière en 1989. Sa valeur négative a été multipliée par 3 entre 2000 et 2020 et l’IBSA souligne que plus que jamais, ce dernier est l’élément négatif de l’évolution de la population, le nombre de départs de la Région surpasse en effet de plus en plus le nombre d’entrées dans la Région.

Un exode urbain significatif n’a pas eu lieu mais n’est peut-être que différé, analyse l’IBSA.

Enfin, ce rapport de l’IBSA nous apprend que l’augmentation de la population ne concerne que 8 des 19 communes Bruxelloises : ainsi, si Evere, Uccle ou la Ville de Bruxelles connaissent une croissance démographique proche de 1%, la plupart des communes de la première couronne telles que Schaerbeek ou Saint-Josse connaissent une baisse significative, ce qui montre toute l’importance de renforcer la qualité du cadre de vie.

Nous constatons que la planification a un retard sur les prévisions démographiques et que celle-ci, toute comme l’activité immobilière, est dépendante des crises. L’IBSA convoque d’ailleurs la crise financière de 2008 comme facteur d’explication de la baisse du taux de natalité.

Monsieur le Ministre-Président

  • La Région prend-t-elle en considération ces données relatives à la croissance démographique dans l’élaboration de ses grands projets urbains ?
  • Les chiffres actuels confirment également que le boom démographique ayant justifié le plan régional d’affectation du sol (PRAS), dit « démographique » de 2013 a en fait duré de 2007 à 2012. L’évaluation prochaine de ce dernier tiendra dès lors compte des nouvelles données disponibles ?
  • Le PRDD adopté en 2018, quant à lui, planifier l’édification de quelques 20.000 logements neufs afin de répondre à ce « défi démographique » qui a été le mantra des pouvoirs publics pendant une petite dizaine d’années.
  • Nous constatons également une différence significative entre les communes de la première et de la seconde couronne, une stratégie de coordination régionale sera-t-elle mise en oeuvre afin d’éviter un déséquilibre trop important entre les communes ? Concrètement, commente est envisagé l’objectif de « dédensification » des quartiers centraux?
  • Concernant l’étalement urbain, vous avez annoncé en Commission finances et affaires générale le 8 février dernier mener une réflexion conjointe avec la Flandre sur cette thématique dans le cadre du Territoriaal Ontwikkelingsprogramma Noordrand. Disposez-vous aujourd’hui des résultats de ces études ?
  • Lors de l’audition de Perspective en Commission Développement territorial, Perspective nous a confirmé qu’une étude d’Innoviris relative à l’exode urbain lui servait d’outil de travail. Pourrions-nous disposer de cette étude?
  • Enfin, les données de l’IBSA ne prennent pas en compte les conséquence de  la crise de la covid sur  la généralisation du télétravail avec la modification des habitudes de transports et du rapport entre l’espace privé et l’espace de travail. Est-ce que le Gouvernement chargera Perspective d’étudier les conséquence du télé-travail sur l’exode urbain ?

Ici, réponse et intégralité des interventions, 15/11/2021 http://www.parlement.brussels/weblex-quest-det/?moncode=153663&base=1&taal=fr