J’ai déjà eu l’occasion de vous interroger au sein de cette commission sur l’avenir du site de la villa Dewin à Forest. Après de nombreuses péripéties, le projet est une nouvelle fois mis à l’enquête publique, les deux dernières demandes ayant reçu un avis défavorable de la commission de concertation, le 14 novembre 2017 et le 26 mars 2019.
En conséquence, le demandeur – l’entreprise Immograda – a introduit des plans modifiés d’initiative, conformément au Code bruxellois de l’aménagement du territoire (Cobat), en diminuant le nombre de logements, de parkings et d’arbres abattus. À la suite de ces modifications, la Commission royale des monuments et des sites (CRMS) constate que le projet se serait amélioré sur le plan immobilier, tant au niveau des implantations que des écritures architecturales des façades et de l’intégration à l’environnement du quartier.
Par ailleurs, la CRMS rend un avis favorable assorti de conditions pour le projet du jardin, mais elle insiste sur la nécessaire mutualisation du lieu et formule le souhait d’une future affectation publique de l’hôtel Danckaert, permettant de pérenniser et de valoriser l’ensemble de jardin. Elle considère cependant que le gabarit du nouvel immeuble, mitoyen à la villa Danckaert, demeure hors d’échelle et très écrasant pour le bien classé et qu’il devrait être résolument revu à la baisse.
En outre, elle recommande de réduire de deux niveaux au moins les deux travées mitoyennes au bien classé et de maintenir un gabarit plus élevé sur l’angle. Elle recommande également de renoncer aux jardins privés et d’organiser les logements ou les affectations des rez-de-chaussée de manière à ne pas introduire de jardins privés dans un parc. Elle s’oppose à toute forme de clôture entre les deux parties du jardin afin de maintenir une fluidité de lecture spatiale du jardin comme d’un ensemble, conformément aux leçons de l’étude historique mentionnée par Mme Teitelbaum.
La CRMS fait donc une énorme concession en acceptant le principe de construction sur cette parcelle, concession qui décevra les riverains mobilisés depuis des armées et qui achèvera de rendre la villa Danckaert difficile à vendre dans un contexte de travaux, puis de mitoyenneté.
Rappelons que la commune de Saint-Gilles a jadis acheté la maison et l’atelier de Victor Horta, ainsi que l’hôtel Hannon. Plus récemment, Schaerbeek a acquis la maison Autrique. Ces lieux ont démontré aujourd’hui leur fort pouvoir d’attraction culturel et touristique. La Région dispose-t-elle d’une quelconque politique d’acquisition des biens patrimoniaux d’exception, afin d’assurer leur pérennité, mais aussi leur ouverture au public et l’implantation d’équipements de quartier ?
Comment la Région a-t-elle répondu à la demande d’inscription des jardins de la villa Dewin sur la liste de sauvegarde, effectuée il y a maintenant deux ans, en mars 2019, par la commune de Forest ? Qu’est-ce qui explique une telle lenteur ?
De nouvelles constructions sont-elles justifiées en zone de protection d’un bien classé ? N’y a-t-il pas une contradiction à reconnaître la valeur de la moitié du jardin par le classement, à dégager une perspective pour le voir, à permettre son accès au public et à accepter des constructions sur une partie de ce jardin, dont la préservation fait l’objet d’une forte demande sociale ?
*Ici, Réponse de M. Pascal Smet, secrétaire d’État, 15/03/2021 et intégralité des interventions, http://weblex.brussels/data/crb/biq/2020-21/00097/images.pdf#page=15