Pour les Bruxellois qui ne connaissent pas le lieu: la Friche Josaphat, c’est une zone verte de 25 hectares qui longe la ligne de chemin de fer, un espace à cheval entre les communes d’Evere et Schaerbeek. La région bruxelloise en a fait un quartier stratégique: c’est l’un des 13 PAD, Plans d’Aménagement Directeurs. Mais ce projet suscite une levée de boucliers de la part des riverains et de naturalistes qui arpentent le site. Selon leur expertise, elle est d’une biodiversité riche et rare en région bruxelloise.
Vous l’aurez compris: c’est un dossier d’urbanisme bruxellois, très sensible. Alors, lorsque ce samedi matin, Benoît De Boeck, administrateur de la page Facebook « Sauvons la Friche Josaphat », entend, puis voit un engin de chantier entrer en action sur la Friche en question, il mobilise les riverains. C’est l’incompréhension.
Contactée, la SAU, organisme régional public et propriétaire du site, explique que « ces travaux n’ont rien à voir avec le PAD ». Pascal Sac, responsable de la communication embraie: » On n’est pas des bétonneurs. On n’est pas en train de construire quelque chose. Ces travaux vont permettre l’accès à des engins qui vont faire des tests de sous-sol en matière de stabilité et de pollution ». La SAU évoque aussi un accès facilité vers les voies de chemin de fer pour entretenir ses abords. Des travaux qui ne nécessitent pas de permis, selon la SAU.
Dans l’attente de l’avis de la Commission Régionale de Développement
Et il est vrai que le PAD Josaphat en question n’a pas encore été adopté par le gouvernement bruxellois. L’enquête publique s’est terminée en décembre dernier. Si la commune d’Evere a émis un avis positif, Schaerbeek avait elle remis un avis défavorable à perspective.brussels, l’agence régionale d’aménagement du territoire. « Trop dense », « une méthode peu collaborative », selon la commune.
Le PAD Josaphat prévoit jusqu’à 1600 logements, une gare RER, des écoles, un site industriel et des espaces verts. On attend dès lors l’avis de la Commission Régionale de Développement ces prochains jours. Une étape importante puisqu’elle synthétise les différents avis. Ensuite, une nouvelle version du projet de PAD amendé arrivera pour deuxième lecture sur la table du Gouvernement.
La confiance versus bulldozers
Bref, le processus est en cours, mais pas encore figé. Isabelle Pauthier, députée bruxelloise Ecolo, avait d’ailleurs demandé lors d’une question d’actualité en novembre dernier de « suspendre ces deux procédures de marché public pour dépollution et viabilisation, étant donné les avis critiques de plusieurs instances ».
Demande refusée par Rudi Vervoort, ministre-président bruxellois. « Le minimum de la bonne gouvernance consiste à mener à bien le projet de PAD avant de lancer les processus d’urbanisation. On lui parle de reconstruire la confiance et il envoie les bulldozers, sérieux? », s’étonne Isabelle Pauthier. Le PAD Josaphat n’est pas le seul à être si controversé. Les comités de quartier ont d’ailleurs décidé de se fédérer pour les contrer. « Il n’y avait pas d’urgence », rajoute Isabelle Pauthier.
A l’heure d’écrire ces lignes, nous n’avons pas pu avoir de contact avec le ministre-président Rudi Vervoort.
Les riverains s’interrogent aussi sur ce calendrier: « Pourquoi réaliser ces travaux pendant le confinement »? « En stoemelings? » La SAU répond que c’était prévu en mars mais que le confinement les a postposés. « Et que l’on urbanise ou pas la Friche Josaphat, ces tests de pollution du sol doivent se faire », selon Pascal Sac, chargé de la communication.
Une réponse qui ne dissipe pas forcément la méfiance du côté des riverains: « Pour quelles raisons tracer une bande d’environ 7 mètres sur un centaine de mètres », s’interroge Mathieu Simonson? « Pour le moment, ce n’est pas irrémédiable », rassure Benoît De Boeck, « la nature reprend toujours ses droits ». Mais après? Nous, nous demandons le classement du site, pour y préserver cette biodiversité rare en région bruxelloise ».
Plus de clarté dans le calendrier
Dans l’après-midi, la police est intervenue à la demande de la SAU pour disperser les riverains qui voulaient pénétrer sur le site. La bourgmestre faisant fonction Cécile Jodogne s’est rendue sur place, ainsi que l’échevin Vincent Vanhalewyn. La bourgmestre qui se dit fâchée de ne pas avoir été prévenue de ces travaux. Et qui espère plus de clarté sur le devenir de la friche et ce dossier en général.
Du côté d’Ecolo-Groen, Vincent Vanhalewyn considérait que « l’on ne peut pas dire à ce stade si les travaux entamés sont légaux mais ils sont démocratiquement et politiquement incorrects ». La Société d’Aménagement Urbain nous informe quant à elle qu’ils reprendront lundi.
Retrouvez l’article ici:
https://www.rtbf.be/info/regions/detail_friche-josaphat-des-travaux-suscitent-l-inquietude-des-riverains-dans-un-dossier-tres-sensible?id=10489616