Justice pour Adil

Nous vivons depuis un mois en confinement. 😷😬🤔
C’est l’occasion pour beaucoup d’entre nous de prendre conscience de la portée des restrictions de circulation, des assignations à domicile, des huis clos familiaux, des incertitudes pour certains statuts sociaux précaires quant à des perspectives économiques encore rétrécies, du sentiment d’appartenance, ou pas, à la société dans laquelle nous vivons. Qui a une fonction essentielle (et reconnue comme telle) dans cette ville ?

Pour certains, ce confinement, ce périmètre réduit d’action, ce sentiment humiliant d’être dominé par des décisions insaisissables, c’est tous les jours.

Ils sont là quand je pars le matin, ils sont au même endroit quand je reviens le soir. Entre-temps, ils ont fait le tour du quartier.

Les jeunes des quartiers populaires. Ce ne sont ni des saints ni des démons. Le confinement aggrave les conditions d’existence pré existentes. Ils se font contrôler plusieurs fois par jour, parfois par les mêmes patrouilles, au même coin de rue. Cela ajoute « de la tension à la tension, » disait un travailleur social de Cureghem dans une vidéo de la RTBF.

Certains estiment que plus de 20 ans de Politiques de rénovation urbaine, de politiques sociales et de politiques sécuritaires n’auront servi à rien. Bien sûr, on ne raccommode pas des vies comme on raccommode des espaces publics mais on se demande ce que seraient devenus ces quartiers sans ces investissements publics. Par contre, leurs habitants, qu’est-ce qui a changé dans leur vie ? Plus ou moins de perspectives que la génération de leurs parents?

Hier, une enquête de De Morgen, reprise ci dessous par la Rtbf suggère que l’accident qui a coûté la vie à Adil n’est peut-être pas le résultat d’une fatalité. Pourquoi ça ne m’étonne pas?

Ces drames sont révoltants parce que ces jeunes sont comme tout à chacun, avec les mêmes aspirations et espoirs, besoins de gratitude, d’utilité sociale et de sens à donner à la vie. Si, pour changer, on s’intéressait aux perspectives plutôt qu’aux constats ? Si on parlait avec eux plutôt que d’eux comme d’encombrants problèmes?

Personne ne devrait mourir dans l’espace public par assignation. Nous serons nombreux et mobilisés pour le rappeler, exiger que justice soit faite, pour Adil et tous les autres, mais aussi pour que les choses changent vraiment dans les quartiers, à commencer par l’approche policière.